haque année, la vinification du champagne génère 100 000 tonnes de marc de raisin. « Ce marc est habituellement stocké par les distilleries et transformé en poudres, en huiles essentielles riches en polyphénols pour l'alimentation animale, en biomasse pour les chaudières ou encore en engrais » liste Céline Badouard, qui a trouvé une nouvelle manière de la valoriser dans le cadre d’une thèse réalisée à l’Université de Reims.
En l’associant à de la fécule de pomme de terre et de l’eau chauffée à 95°C, faisant office de liant, la doctorante en a fait un matériau capable de remplacer les matériaux classiques d'isolation des bâtiments provenant de ressources minérales ou fossiles, comme la laine de verre ou le polystyrène.
Céline Badouard a moulé et compacté ce mélange sous une pression de 40 kPa pendant cinq minutes. Elle l’a ensuite congelé et lyophilisé. Après 7 jours, elle a mesuré sa perméabilité et ses capacités à adsorber l’eau et à réguler l’humidité.
« Le composite de marc de raisin présente une perméabilité intermédiaire entre celle du chanvre et celle de la pulpe de betterave associée à de l’amidon, et se révèle être un très bon régulateur de l’humidité » explique-t-elle dans son résumé de thèse, qu’elle soutient ce 14 avril.
En absorbant et désorbant la vapeur d'eau, le marc de raisin réduit le taux de ventilation et le besoin de chauffage en hiver et de climatisation en été.
Céline Badouard travaille désormais sur la durabilité de ce composite, en évaluant sa résistance à l’eau, et au feu. « Des traitements de surface à base d'huile de lin ou d'huile de pépins de raisin sont également à l'étude afin de rendre le marc résistant à la dégradation microbienne et utilisable en pratique dans le bâtiment, l’industrie la plus consommatrice d'énergie au sein de l'Union européenne (à hauteur de 31 %), et responsable de 23 % des émissions de gaz à effet de serre » conclut-elle.