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Le casse-tête des programmes phyto sans CMR pour traiter les vignes contre le mildiou
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Traitements
Le casse-tête des programmes phyto sans CMR pour traiter les vignes contre le mildiou

Concevoir des programmes antimildiou sans produits phytos classés CMR devient de plus en plus compliqué dans le vignoble, le nombre de solutions se réduisant et leur prix augmentant.
Par Christelle Stef Le 30 mars 2023
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Le casse-tête des programmes phyto sans CMR pour traiter les vignes contre le mildiou
Traitement mildiou sur les vignes en Charente - crédit photo : Jean Michel Nossant
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es programmes fongicides sans produit classé cancérigène, mutagène, reprotoxique (CMR) ? Pour Thierry Favier, responsable du service agronomique de la Coopérative agricole Provence Languedoc (CAPL), c’est devenu « un vœu pieux ». Surtout en ce qui concerne la lutte contre le mildiou. La première raison ? La liste des produits autorisés se réduit à peau de chagrin, en particulier pour les haut de gamme utilisés en encadrement de floraison.

« En antimildiou non CMR, il reste peu de solutions. Chez nous, nous avons référencé le cuivre, les phosphonates, la cyazofamide (Mildicut), le fluopicolide (Profiler/Tébaïde/Hudson/Prévasion), l’association zoxamide + mandipropamid (Ampexio/Revoluxio), le Pangolin (fosétyl + cuivre) et le pack Trel (Zorvec cuivre et zoxamide) », énumère Thierry Favier. Une liste à laquelle il faut également ajouter Enervin (amétoctradine + métirame). « Mais on a peu de stock de ce produit », précise le distributeur, car BASF ne fabriquerait plus de métirame.

Ça se corse

Certes, on peut toujours établir un programme antimildiou avec ces solutions. Mais ça se corse si l’on écarte les produits dont la ZNT eau est de 20 m ou plus. Dans ce cas, exit le pack Trel, Ampexio/Revoluxio, le Pangolin et certains cuivres. Les cours d’eau étant légion dans la zone de chalandise de la CAPL, les viticulteurs privilégient les produits dont la ZNT eau n’est que de 5 m. À juste titre car « les producteurs sont de plus en plus contrôlés vis-à-vis du respect des ZNT eau. Or, les infractions sont passibles d’une amende salée, voire d’emprisonnement », rappelle Thierry Favier.

Outre les cuivres et la combinaison phosphonate + cuivre, il ne reste donc que trois solutions : Mildicut, Profiler et Enervin, peu disponible. Si on tient compte du fait qu’il est préférable de n’appliquer qu’une fois ces différents produits (ce qui est obligatoire pour le Profiler) afin de limiter au maximum les risques de développement de souches résistantes, les possibilités sont minces. « Si la pression de mildiou reste modérée, ça passe. Mais face à une forte pression, comme celle de 2018, on n’y arrivera pas. En encadrement de floraison, il faudrait recourir à des associations de phosphonates et de cuivre. Or, celles-ci ne protègent pas autant les grappes que les solutions à base de folpel + matière active systémique. Beaucoup de vignerons préféreront donc avoir recours à ces dernières. D’autant plus que les phosphonates + cuivre ne tiennent pas 14 jours en cas de forte pression. Il faut alors resserrer les cadences et passer tous les 8 à 10 jours, ce qui augmente le nombre de passages et donc le coût des programmes… », indique Thierry Favier. Sans compter que les antimildious non CMR ne sont pas efficaces contre le black-rot.

Tenir compte des résistances

Josquin Lernould, responsable marché agro-viticole chez Acolyance Vigne, confirme que réaliser un programme antimildiou sans CMR en Champagne est difficile sauf si l’on opte pour un programme reposant sur du cuivre et des phosphonates. « À cause des résistances, Profiler et Mildicut sont déconseillés dans une partie de notre vignoble. Le métirame ? La matière active est en phase de réexamen au niveau européen et son avenir semble compromis. BASF en fournit donc très peu. On vit sur nos stocks de Polyram et d’Enervin. Quant au Zorvec, il est limité à une seule application et n’est disponible qu’en pack. Or, les vignerons n’aiment pas trop les packs. »

Selon ce distributeur, « l’ordre des critères de choix des vignerons est l’efficacité des produits, la distance de sécurité riverain, la ZNT eau et seulement ensuite le classement toxicologique ». Raison pour laquelle, depuis 2021, ils sont, selon lui, moins portés sur les programmes sans CMR. « Quand la pression est forte, il vaut mieux un produit à base de folpel qu’à base de cuivre, surtout en encadrement de floraison. Entre les dix jours qui précèdent la floraison et les dix jours qui suivent, il y a trois traitements clés qu’il ne faut pas louper. Si parmi ces traitements, il y a un CMR, ce n’est pas gênant. »

Des coûts qui augmentent

Cette réduction du nombre d’antimildious non CMR élève le coût des programmes qui sont « a minima 15 % plus cher », indique Thierry Favier. Et, d’après lui, « en non CMR, il n’y a pas grand-chose à moins de 50 €/ha, alors que l’on trouve encore des solutions CMR à des coûts moindres ». Sébastien Rieublanc, responsable pôle technique R & D au sein du groupe CIC-NAU, un négoce qui couvre la Charente et la Gironde, confirme : « Entre un programme avec ou sans CMR, il y a un écart de coût de 15 à 20 %. Ce n’est pas nouveau que les programmes sans CMR sont plus chers. Toutefois, aujourd’hui, cette différence est exacerbée car les produits non CMR qui subsistent sont presque en situation de monopole. Les firmes ont donc appliqué des hausses importantes. Pour certains produits, elles atteignaient 25 à 30 %, mais grâce aux négociations opérées par Actura, notre centrale d’achat, on a pu les limiter entre 15 et 20 % », rapporte Sébastien Rieublanc.

Inflation forte sur certains produits

Sa consœur Elsa Ramondou, responsable technique chez Inovitis (groupe coopératif Maïsadour), abonde : « Tous les produits, qu’ils soient CMR ou non, ont subi une inflation. Celle-ci est particulièrement forte sur certains produits non CMR comme le Polyram », observe-t-elle. Elsa Ramondou ajoute que les programmes sans CMR impliquent souvent des associations avec des produits de biocontrôle, des biostimulants, des huiles essentielles, etc., ce qui en augmente d’autant le coût. Pour toutes ces raisons, « les vignerons non contraints à un cahier des charges sans CMR reviennent à des applications plus conventionnelles avec, par exemple, des produits à base de folpel + fosétyl pour lutter contre le mildiou en début de campagne et sécuriser ainsi le début du programme », indique la responsable.

Sébastien Rieublanc ajoute : « Les vignerons qui font des programmes sans CMR vont rester sur cette stratégie en composant avec le nouveau référentiel HVE. Ceux qui voulaient franchir le pas ne le feront pas, excepté si, économiquement, ils valorisent bien leurs vins. »

 

Encore moins de solutions à l’avenir

La liste des antimildious non classés CMR devraient encore se réduire. Les heures du métirame semblent comptées, cette molécule étant en cours de réexamen au niveau européen. Sera-t-elle réapprouvée ? Les distributeurs ne sont pas très optimistes. Par ailleurs, le fluopicolide, la matière active du Profiler, devrait être classé CMR-2 en décembre 2023. « On va perdre une solution de plus et par là même augmenter le risque de résistance », regrette Sébastien Rieublanc, du négoce CIC-NAU. Et d’après un distributeur du val de Loire, il n’est pas impossible qu’un jour ou l’autre les autorités limitent le grammage autorisé des phosphonates.

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Caramail Le 01 avril 2023 à 08:09:58
Qui décide? Pas nous Qui paye? Nous Qui sont les plus nombreux? Euh... pas nous. Qui va s'arrêter? Nous. En résumé: interceps= casse de souche, temps de w augmenté. Haies= entretien ++ et prolifération de lapins. Fin de certains produits= résistance de maladies. HVE= Foutage de gueule du viticulteur et du consommateur. Bio= baisse de valeur ajoutée car trop de conversion. La dessus on accumule les ZNT randonneurs... la baisse de consommation, etc, etc, etc. Seigneur Macron que fait-on? Ma passion était belle et point trop compliquée. Nous ne sommes plus assez nombreux et en plus nous nous tirons dans les pattes.
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