orteur de la parole des Vignerons coopérateurs de France lors de la réunon du 6 février, Joël Boueilh, leur président, salue « les initiatives d’un ministre qui souhaite apporter des solutions concrètes à la filière ». Maintenant que les options de financement sont posées sur la table, le vigneron gersois souligne néanmoins le travail que la filière doit accomplir pour arrêter des besoins de distillation et d’arrachage en phase avec ces orientations. « Nous avons sondé la rivière, trouvé l’endroit le plus simple pour traverser, mais nous ne sommes qu’au milieu du gué », image-t-il, « le chiffrage de toutes ces mesures permettra d’atteindre l’autre rive. Cela va passer par un calibrage cohérent des besoins d’arrachage sur l’ensemble du territoire ».
Porté depuis longtemps par les Vignerons coopérateurs, le choix de Marc Fesneau d’engager l’état dans un co-financement aux côtés des régions satisfait le président du syndicat de la coopération. « Cela permet d’harmoniser les mesures d’accompagnement pour l’ensemble du territoire, sans quoi nous aurions un soutien à plusieurs vitesses. Ce serait contre-productif vis-à-vis de l’entente entre bassins viticoles dépendant de régions différentes », souligne-t-il.
Côté financement de l’arrachage par les deux voies du FEADER (Fonds européen agricole pour le développement rural) et du FMSE (Fonds national agricole de mutualisation du risque sanitaire et environnemental), il voit d’un bon œil l’utilisation de ce dernier «dans une nouvelle forme préventive » afin d’intervenir en amont sur le sujet de la flavescence dorée. « Quand un vigneron n’entretient plus sa vigne, c’est qu’il n’a plus les moyens financiers pour intervenir, ni même l’arracher, car ça coûte cher. Cette solution de financement offre une anticipation des foyers futurs de développement de la flavescence dorée tout en offrant un accompagnement vers la sortie pour des vignerons en situation difficile », ajuste le vigneron de la coopérative Plaimont. Le sujet de la replantation différée, attendu par les Vignerons coopérateurs pour d’autres régions que Bordeaux, dans le but de maintenir le potentiel de production, « n’est pas enterré mais le ministre a demandé à ce que les modalités continuent d’être travaillées par FranceAgriMer », poursuit Joël Boueilh.
Pour compléter les 160 millions € (M€) annoncés par Marc Fesneau en faveur de la distillation de crise, l’attribution de 40 M€ en provenance du fonds de crise européen ne sera tranchée qu’en mars, après réunion des ministres européens. « Il faudra pouvoir s’approcher au plus près de ces 40M€, sachant que la filière avicole touchée par l’influenza aviaire, la filière productrice de betteraves et bien d‘autres productions tapent également à la porte du ministre », prévient néanmoins le président des Vignerons coopérateurs.


L’enjeu des jours à venir va se poser dans l’aboutissement vers un prix consensuel pour les volumes de vins à distiller. « Il ne faut pas sacrifier le prix, pour permettre d’assurer les cours des transactions de vrac des semaines et mois à venir », avance un Joël Boueilh qui invite au consensus dans la filière « car on ne pourra pas distiller l’ensemble des volumes demandés par la production ». Il rappelle en outre que, comme pour la campagne de distillation précédente de 2020, une part du financement (5€/hl en 2020) sera allouée aux distillateurs. Il regrette cependant que l’aide au stockage n’ait pas été retenue par le ministre, « ça aurait permis de garder des volumes utiles en cas d’aléas climatiques ». Priorité a été donnée à la distillation par le pensionnaire de la rue de Varenne.