C’est toujours trop cher ! Quand on additionne l’ensemble des coûts pour participer à Wine Paris, ça fait une somme. Mais c’est indispensable d’être là. L’an dernier, on a pu revoir nos clients après la longue parenthèse du Covid. Le bilan a été très positif. »
Emmanuelle Chauveau, qui exploite avec son mari et sa fille un vignoble de 18 ha à Saint-Andelain en AOC Pouilly-Fumé, a fait ses comptes. L’an dernier, ils ont participé au salon en prenant un stand individuel, faute de place sur l’espace collectif des Vins de Loire. Leur stand de 6 m2 leur a coûté 3 085 € HT, plus 270 € pour les verres et 130 € d’assurance, facturés par Vinexposium. Pour se loger et se restaurer pendant la durée du salon, ils ont dépensé 548 €. À cela s'ajoutent 100 € pour les 200 km qu'ils ont fait en voiture pour rallier la capitale. La note totale s’élève donc à 4 133 €.
Côté résultat, au cours des trois jours du salon, la famille Chauveau a comptabilisé 32 rendez-vous : 19 avec des clients et 13 avec des prospects. « S’il fallait se déplacer pour rencontrer tous ces contacts ou même leur envoyer des échantillons, ce serait beaucoup plus coûteux », calcule Emmanuelle. Il n’empêche que, pour l’édition 2023, ils restent vigilants sur leurs dépenses : ils ont déboursé la même somme pour la location du stand, cette fois au sein du stand collectif. Mais ils devraient économiser sur la location des verres qui sera mutualisée avec un autre vigneron.
David Jaegle, directeur de la cave de Ribeauvillé, est un exposant de la première heure. La coopérative alsacienne était présente lors du premier Vinovision en 2017 et a participé à toutes les éditions depuis cette date. « Nous avons constaté la montée en puissance de ce salon qui est devenu un vrai concurrent de ProWein. Certains de nos importateurs ne vont encore qu’à ProWein, mais nous en voyons désormais une grosse partie à Wine Paris. C’est extrêmement pratique car on a plus de temps à leur accorder qu’à Düsseldorf, où nous enchaînons les rendez-vous », confie-t-il.
La cave de Ribeauvillé débourse 5 000 à 6 000 € pour la location du stand dans l’espace collectif Alsace. À ces frais s’ajoutent le coût de l’hébergement et de la restauration des trois personnes mobilisées sur le salon, ainsi que le déplacement en voiture, soit 2 500 à 3 000 € supplémentaires. « L’hébergement est moins cher à Paris qu’à Düsseldorf où les prix ont été multipliés par cinq en dix ans, assure David Jaegle. Et Paris fait davantage rêver que Düsseldorf. En outre, ça tombe au moment de la Saint-Valentin. C’est un argument qui marche bien auprès de mes clients étrangers. »
David Jaegle (Crédit photo Cave de Ribeauvillé)
À Wine Paris, l’équipe commerciale de la coop décroche cinq rendez-vous par jour contre sept à ProWein. Malgré cela, « c’est un salon très rentable car on rencontre beaucoup de nos clients et quelques prospects en trois jours. On ne repart pas forcément avec des commandes fermes, nous sommes plus là pour valider des réservations, présenter de nouveaux produits et nos tarifs ».
Charlotte Humblot, responsable commerciale au Château Clamens (25 ha de vignes) à Fronton, elle, a décroché plusieurs commandes lors de la dernière édition.
Charlotte Humblot (crédit photo DR)
Présente sur un stand de 24 m2 qu’elle partage avec trois autres vignerons de régions viticoles différentes (Bourgogne, Bordeaux, Languedoc), elle a reçu jusqu’à quarante personnes par jour. « Ces contacts ne sont pas tous concluants, mais globalement 2022 a été une très bonne édition. J’ai vu davantage de clients et prospects étrangers que les années précédentes. C’est un salon qui prend de l’ampleur et dispose de solides atouts face à ProWein, comme un accès plus facile et un hébergement plus abordable. »
La location du stand lui revient à 4 100 € HT avec les verres. Les vignerons apportent quelques meubles et un frigo pour diminuer les frais annexes. Reste l’hébergement pour lequel elle anticipe afin de bénéficier d’un tarif avantageux (entre 80 et 90 € la nuit). Pour la restauration, elle en profite pour dîner chez des clients ou ceux de ces voisins de stand afin d’entretenir la relation ou de décrocher de nouvelles cartes.
« Wine Paris reste un salon à taille humaine. Il ne faudrait pas que ça devienne trop gros. Certains de mes clients cavistes, rebutés par l’ampleur de l’événement, ne viennent plus, privilégiant des salons plus confidentiels. » Où mettre le curseur pour satisfaire une majorité d’exposants et intensifier le visitorat ? C’est tout l’enjeu des prochaines éditions.
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Le syndicat des Côtes de Bourg est un habitué des salons. Depuis quinze ans, il organise la présence collective de ses adhérents sur des salons en France comme à l’étranger. À Wine Paris, il occupera 40 m2 du 13 au 15 février au sein de l’espace Union des Côtes. « Nous proposons deux formules à nos adhérents : la présentation de leurs vins dans l’espace “free tasting” ou la présence sur notre stand collectif. Douze vignerons viendront cette année », détaille Didier Gontier, directeur du syndicat. Cet espace est facturé 30 000 € au syndicat qui bénéficie d’une aide de 5 000 € de la région Aquitaine. Grâce à la mutualisation des coûts et à la prise en charge d’une partie des frais par le syndicat, le coût final par vigneron exposant se situe entre 1 700 et 1 900 €, verres, frigo, assurance et expédition des échantillons compris. Mais les vignerons n'ont pas de comptoir dédié ni de possibilité d’afficher le nom de leur château. « Nous jouons collectif. Tous les exposants sont regroupés sous la bannière Côtes de Bourg », précise Didier Gontier. Le syndicat va jusqu’à réserver les billets TVG pour bénéficier d’un tarif groupe. Même le logement est collégial : une vigneronne réserve un grand appartement pour toute la troupe. Une manière, là encore, de réduire les coûts, tout en renforçant les liens entre les vignerons.