a maison Gascogne Armagnac flambant neuve a accueilli environ 70 personnes ce 25 janvier pour parler « viticulture et qualité du sol », une matinée organisée par la Chambre d’Agriculture du Gers et l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV Sud-Ouest). L’occasion de faire le point sur les nombreuses études et groupes de travail en cours dans le Gers.
Mené de 2017 à 2022, le projet participatif Gascogn’Innov est un groupe opérationnel du Gers qui rassemble viticulteurs, chercheurs et conseillers viticoles. « Quinze exploitations volontaires ont participé au projet. La qualité biologique du sol d’une de leur parcelle a été évaluée grâce à l’outil de diagnostic issu du projet de recherche Agr’Innov » explique Laure Gontier, ingénieure spécialiste de l’entretien des sols à l’IFV Sud-Ouest.
« À la suite de ce diagnostic, un plan d’actions a été proposé sur chacune des exploitations avec des changements de pratiques tels que l’introduction de couverts végétaux ou l’apport de matière organique. Nous avons ensuite suivi l’incidence pendant deux à trois ans et réalisé ensuite le même diagnostic (diversité microbienne, des nématodes, des lombrics, structure du sol, vitesse de dégradation de la matière organique…) » détaille Laure Gontier.
En s’intéressant aux différents types d’entretien du sol, il ressort de ce projet que l’augmentation du temps de présence du couvert végétal et la baisse d’intensité du travail du sol augmentent la fertilité biologique du sol. « Il y a des pratiques qui permettent de booster la qualité des sols mais améliorer la qualité biologique du sol prend du temps » conclue Laure Gontier.
François Dargelos, participant au projet et viticulteur gersois en témoigne : « J’utilise les couverts végétaux depuis 20 ans, ce qui m’a permis d’augmenter mes taux de matière organique et d’avoir moins d’érosion, moins de battance et moins de lessivage. »
Malgré cela, des problèmes persistent (hydromorphie, activité biologique trop bactérienne, …) et le viticulteur souhaite travailler sur la structure de son sol en augmentant l’activité fongique de son sol. Sur les conseils d’expert du projet Gascogn’innov’, il épand 50 t/ha de plaquettes forestières sur son sol sablo-limoneux. Résultat : « En deux ans, j’ai 25 % de vers de terre en plus sur la parcelle. »
Loïc Labidalle, animateur technique aux Bios du Gers, a profité de la matinée pour présenter "Cap Couverts", une appli qui s'intègre dans le plan Ecophyto National. « C’est un outil d’aide à la décision qui va permettre aux vignerons de définir le couvert végétal le plus adapté au contexte pédoclimatique de la parcelle et aux objectifs de production. »
En saisissant les données pédoclimatiques dans un système de filtres emboîtés (localisation, pH, granulométrie, irrigation…), l’appli va ensuite proposer au viticulteur un mélange optimal d’espèces de plantes en fonction de ses objectifs (augmentation de la fertilité minérale ou la matière organique, limitation de l’érosion, limiter la vigueur de la vigne, favoriser l’accueil des abeilles …).
Cet outil gratuit sera lancé durant l’année 2023 et s’ouvrira dans un premier temps à des groupes de travail volontaires pour une première phase de capitalisation de données et d’évaluation des couverts végétaux permettant d’aboutir à des préconisations optimales.
Dans un contexte réglementaire qui se durcit et des restrictions concernant le glyphosate, la chambre d’agriculture du Gers lance depuis le vendredi 27 janvier dernier un collectif de viticulteurs sous la forme d’un GIEE (Groupement d'intérêt économique et environnemental) pour identifier les pratiques agro-écologiques de gestion du cavaillon en viticulture avec mise en place d’essais ou de suivis.
« Compte tenu du manque de main d’œuvre et du contexte réglementaire, de nouvelles problématiques apparaissent sur le terrain : comment anticiper l’érosion de l’offre en désherbants ? Comment aborder la surcharge de travail lorsque l’on passe en désherbage mécanique ? Quel couvert pour mon cavaillon ? » interroge Carla Fabri, conseillère spécialisée de la Chambre d’Agriculture du Gers. Autant de questions auxquelles tentera de répondre le groupe de travail.