etit évènement ou grand chambardement dans le vignoble du Sud-Ouest ? L’union coopérative de Plaimont (600 adhérents dans le Sud-Ouest, pour 3 000 ha en IGP Côtes de Gascogne et 2 000 ha en AOC du piémont pyrénéen) va s’implanter dans le vignoble du Jurançon (Pyrénées Atlantique) en bénéficiant des outils de vinification de la Confrérie du Jurançon (filiale à Monein du groupe bordelais Castel Frères). Signée, la convention de partenariat entre les caves coopératives gasconnes et le premier négociant français « leur permet de réunir leurs compétences respectives pour promouvoir l’appellation du Jurançon et en soutenir l’activité » indique un communiqué de Castel, qui ouvre ainsi de nouvelles perspectives commerciales aux vignerons dont les contrats d’approvisionnement de raisin n’ont pas été reconduits en 2023.
Ayant indiqué au début 2022 que ses achats étaient supérieurs à ses ventes de Jurançon, Castel a depuis démarché des opérateurs pour proposer de nouveaux débouchés aux surfaces non-reconduites. En quelques mois, la prise de contact avec Plaimont a été fructueuse. N’ayant jusque-là eu aucune relation avec Castel, l’union coopérative s’est penchée sur le sujet dès juin 2022, avec l’intérêt formulé par une vingtaine de vignerons rapporte Olivier Bourdet-Pees, le directeur général de Plaimont. Sont en cours de finalisation les contrats d’adhésion pour les vignerons intéressés, avec des engagements quinquennaux se concentrant sur l’appellation Jurançon sec via une filiale de Plaimont dédié au Jurançon.


« Nous commencerons modestement, avec 15 à 20 vignerons » indique Olivier Bourdet-Pees, prévenant les craintes locales : « il n’y aura pas de déstabilisation de l’existant, il y a des opérateurs qui sont plus importants en volume dans la coopération, les indépendants et le négoce (dont la Confrérie). » Indiquant ne pas être inquiète par l’arrivée d’un nouvel acteur, la cave coopérative de Jurançon (basée à Gan) regarde de loin cette évolution, précisant ne pas avoir été mis dans la boucle de ce projet et en être spectatrice. « Cela nous a surpris qu’une union de caves coopératives d’une région voisine se penche sur une zone où il y a déjà une coopérative en place. Et qui déclarait récemment sa crainte de voir de nouveaux acteurs en Gascogne. Si nouvel acteur il y a, tout ce que nous demandons c'est de respecter l'historique et de ne pas casser le marché » déclare François Ruhlmann, le directeur de la cave de Gan, pour qui il n’y a pas de révolution : « il y a déjà fort à faire » (avec 50 viticulteurs en appellation Béarn et 250 adhérents en AOC Jurançon, pesant pour 60 % des surfaces de cette dernière).
Présent depuis une vingtaine d’années dans le Jurançon, Castel indique maintenir son activité grâce à ce partenariat, permettant, selon le négociant, une restructuration et non un désengagement de l'AOC. Souhaitant parfaire son univers d’AOC du piémont pyrénéen (Madiran, Pacherenc et Saint-Mont), Plaimont précise ne pas avoir eu de volonté stratégique de développement sur le Jurançon, mais avoir répondu à l’intérêt exprimé par des opérateurs alors qu’un outil industriel était à disposition pour répondre à l’exigence réglementaire de vinification dans l’aire d’appellation. « Sans Castel, le projet n’aurait pas pu voir le jour » souligne Olivier Bourdet-Pees, évoquant une construction naturelle pour l’accès à l’outil technique. Commercialement, une nouvelle gamme de Jurançon sec sera lancée, pour être soutenue par les forces de vente de Plaimont (commercialisant 33 millions de cols/an).