Cette décision est difficile à prendre » indique à Vitisphere la Confrérie du Jurançon (traitant 6 000 jusqu’à 6 000 hectolitres de vin par an), l’antenne du groupe Castel Frères à Monein (Pyrénées Atlantiques), confirmant réduire ses achats de vendanges auprès de ses 75 vignerons apporteurs en 2023 et 2024 (représentant 6 à 10 % de l’AOC Jurançon selon les années). « Après 25 ans de développement continu de nos vins du Jurançon, la Confrérie du Jurançon doit faire face à un fort ralentissement de ses marchés » précise le négociant, faisant état de deux années commercialement difficiles, entre répercussions de la crise sanitaire covid et repli des marchés en grande distribution pour les vins blancs liquoreux du Sud-Ouest.
En conséquence, « avec l’absence d’une reprise réelle et durable des ventes conjuguées à une conjoncture morose pour ses vins à moyen terme, la Confrérie du Jurançon annonce une révision de ses volumes d’achats auprès d’une partie de ses vignerons durant une période provisoire estimée à échéance jusqu’en 2024 » précise La Confrérie du Jurançon, ajoutant avoir « réussi à ne pas répercuter cette mauvaise conjoncture sur le volume de ses commandes aux vignerons en 2020 et 2021. Mais elle doit gérer désormais des stocks équivalents à trois années de commercialisation. » Précisant que des discussions individuelles sur la récolte 2023 se tiennent avec chaque partenaire depuis la fin février, le négoce indique « réexaminer avec raison et justesse ses relations avec les vignerons dans les meilleures conditions possibles pour chacun » (selon trois possibilités : reconduction, réduction ou arrêt de la contractualisation).


Un discours posé et rassurant qui ne convainc pas la section paloise du Parti Communiste Français, rapportant que « le groupe Castel a annoncé, du jour au lendemain sa décision de réduire ses achats de vendanges de raisins AOC JURANCON de 40 % et donc de ne pas renouveler les contrats d’achats au-delà de 2022 », et ajoutant que « les témoignages sont nombreux pour dire le désarroi et l’incompréhension de cette décision [car] sans débouchés, c'est l'arrachage et la pente ne permet que rarement des cultures de substitution ». Relevé par La République des Pyrénées, ce communiqué appelle « la direction du groupe Castel [à] accepter de reconsidérer les choses et décider de maintenir ses activités sur le territoire jurançonnais ».
« Le chiffre de 40 % est inexact » réagit la Confrérie du Jurançon, notant que les discussions se poursuivent avec chacun de ses 75 fournisseurs pour renégocier les contrats d’achat (inchangés depuis 2019) et qu’aucune donnée d’ensemble n’est arrêtée (ni communicable). « Les difficultés auxquelles sont confrontées les vignerons partenaires se sont exprimées il y a près de trois années, lors d’une réunion associative avec les vignerons indépendants. La Confrérie du Jurançon avait indiqué que des vignerons toujours plus nombreux avaient proposé de mettre à disposition encore davantage de surfaces » pointe le négoce, notant avoir stocké depuis, mais ne pouvant plus se le permettre. « Si le rythme de vinification va baisser, La Confrérie du Jurançon va tout mettre en œuvre pour retrouver ses couleurs, pour rebondir et garantir la production de cette appellation si chère à nos yeux » rassure le négoce, qui « espère que [sa conquête de nouveaux marchés] portera ses premiers fruits pour le début 2025. »