« Tout le monde dit ’il faut installer des jeunes, c’est affreux tous ces agrandissements d’exploitations’. Mais dans les faits, les jeux des acteurs ce n’est pas cela. Le risque principal, c’est la spéculation, c’est que la terre échappe aux acteurs fonciers traditionnels. Nous avons besoin de travailler sur la régulation de l’accès au foncier, sur la fiscalité par exemple ». En déplacement le 9 janvier à l’Agrocampus de Tours-Fondettes, qui regroupe un lycée agricole et viticole et un CFA-CFPPA, Marc Fesneau a enchaîné les débats avec des jeunes, notamment sur l’installation, dans le cadre de la concertation pour la future loi d’orientation et d’avenir agricole.
Interpellé par un élève sur les SAFER, dont le fonctionnement est parfois contesté, comme en Provence Alpes Côte d’Azur récemment, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a livré un avis mi figue-mi raisin sur le sujet. « Les Safer régulent l’accès au foncier de façon parfois imparfaite. Peut-être faudrait-il plus travailler avec les collectivités ? Les Safer sont utiles si on leur donne les moyens d’agir par la loi, avec par exemple la loi Sempastous ». Cette loi a été votée en décembre 2021 pour lutter contre les risques d’accaparement des terres, par le contrôle des transferts de parts sociales dans les sociétés agricoles.


Au fil des débats avec les élèves de l’Agrocampus de Tours-Fondettes, Marc Fesneau s’est également exprimé sur le changement climatique. « Nous avons construit notre modèle sur les indications géographiques. Comment produire le même Chinon ou Bourgueil alors qu’il fait 40°C l’été et que le gel survient un an sur deux ? Nous devons accompagner les producteurs par la recherche, afin de remettre en cause certaines choses. Et les politiques publiques doivent aussi se remettre en cause. Il faut vous donner une boîte à outils pour vous adapter ». Si le ministre se montre confiant « sur la transition des phytos et des pratiques », il confie être en revanche « plus affolé par la production de viande cellulaire en laboratoire par quelques multinationales ».
Marc Fesneau a conclu son déplacement en lançant le challenge « Une forêt d’idées » afin de promouvoir la participation des lycées agricoles à l’engagement présidentiel d’un milliard d’arbres plantés d’ici 10 ans. L’Agrocampus de Fondettes a déjà lancé un projet d’agroforesterie sur sa ferme laitière, et pourrait aussi planter des arbres dans ses vignes de Chinon.
Interrogé par Vitisphere sur la question du calcul de la moyenne olympique alors que la réforme de l’assurance récolte entre en vigueur, Marc Fesneau n’entend pas agir avec précipitation sur le sujet. « Nous avons doublé avec l’Union européenne le budget de l’assurance récolte pour en faire un système plus protecteur. Ce dossier de la moyenne olympique prendra des mois, des années au niveau de l’OMC. Faisons déjà tourner le modèle que nous avons réformé et mettons-nous d’accord avec nos partenaires européens sur ce que nous voulons : une moyenne olympique réajustée, ou sa suppression ».
Quant à l’amortisseur électricité mis en place par le gouvernement pour aider les TPE et PME face à la flambée des coûts, et jugé insuffisant par la Fnsea, le ministre a assuré que « les exploitations agricoles et viticoles pourront être soutenues par des aides complémentaires ».