Déjà utilisée avec succès sur les agrumes, la prémunition de la vigne contre le court-noué consiste à primo-infecter un cep par un variant hypoagressif du virus GFLV (grapevine fanleaf virus) pour le protéger d’une infection ultérieure par un variant plus agressif induisant des symptômes sévères » expliquent Emmanuelle Vigne et Olivier Lemaire, chercheurs pour l’Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae).
Avec plusieurs partenaires, l'IFV, des interprofessions, domaines et Chambres d’agriculture, le binôme a déjà identifié une cinquantaine de variants dans des vignes exprimant peu de symptômes en Alsace, Bourgogne, Champagne, et Vallée du Rhône.
Leur objectif est désormais de vérifier le niveau de protection induit par certains de ces candidats dans différentes régions viticoles et sur différents cépages, tels que le chardonnay, le pinot noir, ou le mourvèdre.
Au sein du projet Vaccivine 2, les scientifiques vont travailler dans neuf parcelles viticoles fortement infectées. « Quatre essais avec des plants primo-infectés sont déjà en place (trois en Champagne, un à Châteauneuf-du-Pape), et des plantations sont prévues chaque année jusqu’en 2026 » détaillent-ils, expliquant que du séquençage à haut débit (HTS) et de la bioinformatique leur donneront une connaissance exhaustive des populations virales et surinfections présentes dans ces parcelles.


Dans le même temps, ils mèneront des expériences sur vignes et hôtes herbacés en serres afin de déterminer si les résultats obtenus sur hôtes herbacés reflètent ceux obtenus sur vignes. « Si tel est le cas, cela permettra de sélectionner rapidement les variants les plus prometteurs qui seront ensuite utilisés au vignoble ».
S’ils concluent à une faisabilité de la prémunition au vignoble, ils faciliteront son transfert vers la filière en travaillant sur la prémultiplication hors-sol des plants prémunis et leur labellisation au moyen d’un cahier des charges et d’un contrôle qualité.
Confiants, les partenaires assurent que le déploiement de la prémunition à plus grande échelle pourrait intervenir à partir de 2030.