riginaires de la Belgique, Liesbeth Wouters et son œnologue Erik Schouteden n’en sont pas à leur premier coup d’essai lorsqu’il s’agit d’innover. « Nous étions le premier domaine en Afrique du Sud à élaborer et mettre en bouteille un 100 % tannat », explique la responsable du domaine qui produit quelque 10 000 bouteilles par an. Pour le rosé à base de chenin blanc, l’expérience a débuté en 2020. « Il nous restait un peu de chenin blanc et nous n’avions plus de place dans nos cuves en inox. Donc nous avons décidé de le mettre dans des barriques de chêne français ayant déjà servies pour notre malbec, sachant que le vin prendrait un peu de couleur », raconte la vigneronne flamande. Content du résultat, le couple a montré quelques bouteilles à son importateur belge et à quelques clients. « Le retour était très positif et nous avons décidé de demander une autorisation pour pouvoir le commercialiser ». Une fois le processus d’élaboration décrit et l’autorisation obtenue, quelque 2 000 bouteilles ont été élaborées en 2021. « Mais le ministère de l’Agriculture n’avait pas acté officiellement cette autorisation ». C’est désormais chose faite, et les ventes peuvent donc se poursuivre, notamment en direction de la Belgique, premier marché du domaine.
Chaque année, le processus a pu être peaufiné, même si Liesbeth Wouters insiste sur sa volonté de conserver un certain effet de millésime : « Les grandes propriétés sont comme des usines, les vins se ressemblent chaque année, comme du Coca Cola », s’insurge-t-elle. « En 2023, nous allons élaborer de nouveau notre chenin rosé. Nous le mettrons en barrique et nous le dégusterons régulièrement jusqu’à ce que le résultat nous plaise ». Les règles stipulent que le vin blanc doit passer au moins deux mois en barriques ayant déjà servies à élever des vins rouges. La couleur finale doit être typée comme un vin rosé classique et aucun vin rouge ne peut être ajouté au blanc. Le producteur doit signaler son intention de produire cette typologie de vin en amont de la récolte et les mentions sur l’étiquetage sont encadrées tout en étant multiples : [vin] rosé issu de barriques de vin rouge ; [vin] rosé issu de vin blanc élevé en barriques de vin rouge etc. « En 2021, notre chenin blanc présentait une jolie robe rose saumon avec un léger goût de boisé. Même au bout de 18 mois, il se déguste très bien encore ».
Les vins sont commercialisés essentiellement en Belgique, à un prix consommateur avoisinant les 10 euros, soit au même niveau que la cuvée classique de chenin blanc. « Comme nous n’avons pas la possibilité de commercialiser tout notre chenin blanc en bouteilles, cela nous permet de diversifier notre gamme », explique la vigneronne, qui se réjouit d’avoir créé un point de différenciation par rapport à d’autres domaines. « Quand on est petit et qu’on n’a pas de réputation déjà établie, ce type de produit nous permet de nous différencier de la concurrence ». Désormais, d’autres producteurs sud-africains pourront emboîter le pas à Mooi Bly, qui signifie bon séjour en afrikaans en allusion aux six gîtes sur la propriété. Une perspective qui ne réjouit pas forcément Liesbeth Wouters : « j’espère qu’on ne fera pas tache d’huile, nous voulons continuer à être les seuls ! »