oire aux vindictes cet automne, avec une série de reportages dans le vignoble oscillant entre simplifications à outrance et angles partisans. De quoi mettre la filière vin à fleur de peau. De l’émission du journaliste Hugo Clément sur la lutte vigneronne contre le changement climatique (qui ne pose pas de questions mais illustre ses réponses, comme le résume l’humoriste Gaspard Proust), au documentaire de France 5 sur les labels environnementaux (estimant qu’il n’y a pas de salut hors du bio, mais des salades), en passant par le dossier de Que Choisir sur les fraudes vitivinicoles (enfilant les condamnations passées comme les perles, et sortant du chapeau des citations tenant de l’accusation sans fondements). Visant essentiellement les vins de Bordeaux, cette dernière enquête met l’accent sur d’anciennes affaires judiciaires et des évocations de fraudes sans preuves. C’est toute l’information apportée par un article de Vitisphere sur ce sujet. Un traitement qui n’a pas eu l’heur de plaire à tous nos lecteurs, mais en a heurté dans le vignoble girondin, croyant y voir une attaque frontale (un lecteur remonté proposait de titrer "Que Choisir déconne-t-il" ou "40 % des journalistes sont-ils pourris ?"). Pour d’autres, le ton adopté est suffisamment distancié pour remettre clairement en doute la solidité des assertions de Que Choisir. Les retours sont tout aussi tranchés sur les autres sujets, donnant l’occasion de préciser le credo de Vitisphere : sa vigne éditoriale.
Composée de journalistes à portée d’engueulade de la filière vin*, la rédaction de Vitisphere réaffirme ici sa mission : être au service de l’information de l’ensemble des opérateurs de la filière vitivinicole. Sa ligne éditoriale n’a pas dévié depuis sa création en l’an 2000 : donner à chaque acteur du monde vitivinicole les moyens de réfléchir et d’agir avec l’essentiel des actualités touchant son secteur. Pour convaincre ses contempteurs, la rédaction de Vitisphere aimerait avoir la puissance de changer les cours du vin, de renverser les tendances de consommation, d’empêcher les aléas climatiques, d’éviter que des confrères journalistes versent dans le sensationnalisme et assurer le retour de l’être aimé… Mais son rôle reste celui d’un observateur : le vignoble subit une succession d’années et d’actualités difficiles. Nous en proposons un suivi que nous souhaitons le plus exhaustif et objectif possible. Reprendre les seuls communiqués de presse pour en être le simple porte-voix n’ayant aucun intérêt pour la filière en général et nos lecteurs en particulier, nous continuerons de couvrir toutes les actualités qui touchent le secteur : des innovations techniques aux nouvelles approches commerciales, sans écarter certaines remises en cause nécessitant d’être connues sur les marchés. Le tout afin de permettre à chacun d’avoir une vision large des évolutions actuelles et des enjeux d’avenir, notamment en termes d’attentes sociétales. Ce n’est pas parce qu’il y a un article rédigé qu’il y a un problème, mais parce qu’il y a un problème repéré qu’il y a un article.
« Sans doute il est honnête de rapporter fidèlement les nouvelles ; mais quand elles sont mauvaises, cela n’est pas prudent » fait dire à la reine Cléopâtre l’auteur William Shakespeare (traduit par André Gide) dans la pièce Antoine et Cléopâtre (publiée il y a 400 ans), le messager mis en cause répliquant : « ne prenez pas offense de celui qui ne vous a pas offensée. Me punir pour ce que vous exigez de moi, cela n’est pas juste. » Nous continuerons donc la défense de « la liberté d’expression, d’opinion, de l’information, du commentaire et de la critique » comme l’indique la Charte d’éthique professionnelle des journalistes, qui déclare que « l’esprit critique, la véracité, l’exactitude, l’intégrité, l’équité, l’impartialité, pour les piliers de l’action journalistique » et « tient l’accusation sans preuve, l’intention de nuire, l’altération des documents, la déformation des faits, le détournement d’images, le mensonge, la manipulation, la censure et l’autocensure, la non vérification des faits, pour les plus graves dérives professionnelles ».
Toute œuvre humaine étant perfectible, la rédaction de Vitisphere n’a que la prétention de tendre vers ces objectifs, tout en restant ouverte à tous les commentaires constructifs permettant d’améliorer et compléter l’information fournie. Il ne s’agit pas de réécrire les faits ou de servir de défouloir face aux difficultés qui s’accumulent, exacerbant les sensibilités et les susceptibilités. « Juste une mise au point », comme le chantait Jakie Quartz il y a 40 ans.
* : « C’est le jeu », comme dirait Hugo Clément, et il est normal de répondre professionnellement aux remarques des lecteurs, sans devenir le punching-ball de leurs ressentis personnels.