onséquence du gel d’avril 2021, la diminutions des volumes disponibles sur la dernière récolte 2021 pèse sur la campagne 2021-2022, qui a marqué une baisse de contractualisation pour le marché vrac des vins IGP Pays d’Oc. Seuls 4,5 millions d’hectolitres (Mhl) ont fait l’objet d’un enregistrement de contrat, contre 5,2 Mhl en moyenne lors des dix campagnes précédentes. Soit une baisse de 13 %. Le marché vrac des IGP Pays d’Oc se révèle en effet particulièrement structuré et constant autour de cette moyenne décennale de 5,2 Mhl.
Cette baisse est encore plus conséquente comparée à la campagne 2020-21, qui s’est distinguée par un niveau record de contractualisations à 6,1 Mhl. « Cette campagne avait été particulière en raison du gel d’avril 2021, les opérateurs ont donc procédé aux contractualisations normales, auxquelles se sont adjointes des contractualisations de volumes supplémentaires de réserve en anticipation de manques sur le millésime 2021 », précise Laure Lacombe, responsable du service économie d’InterOc.
La diminution d’enregistrement de contrats vrac révèle autant un ajustement du marché qu’une conséquence directe de moindres volumes disponibles. « Les opérateurs ont maintenu leurs achats, mais ont eu accès à moins de volumes », appuie Laure Lacombe. Les sorties de chais (5,4 Mhl pour l’ensemble des vins de pays d’Oc) suivent presque automatiquement cette tendance en affichant un recul de -456 000 hl par rapport aux 5,8 Mhl en moyenne lors des 3 campagnes précédentes. Ce recul des sorties de chais est cependant plus marqué sur les rouges (-248 000hl, à 2,4Mhl, mais -380 000hl par rapport à campagne 18-19), que sur les blancs (-110 000 hl, à 1,4 Mhl) et rosés (-97 000 hl, à 1,5 Mhl). « La diminution des sorties de chais est attribuable à plusieurs facteurs, plus en rapport avec la mise en marché : baisse des ventes en grande distribution, inflation, impact de la guerre en Ukraine sur l’approvisionnement des matières premières nécessaires au conditionnement, disponibilité des conteneurs…», précise la responsable du service économie d’InterOc.
InterOc précise également que la bonne structuration du marché vrac des Pays d’Oc une dépendance moindre des prix aux volumes produits. Les cours apparaissent de moins en moins élastiques et moins dépendants des niveaux de récoltes. La revalorisation des cours est néanmoins de mise lors de cette campagne 21-22, fortement influencée par « des tensions sur les volumes de blancs dont les prix ont augmenté significativement, alors que leur part relative a diminué dans les volumes », explique Laure Lacombe. La moyenne de 101,55 €/hl pour les trois couleurs est donc largement liée aux prix des blancs, qui affichent un prix moyen de 125 €/hl sur la campagne, en hausse de +30 €/hl. Les chardonnay, cépage ayant le plus pâti du gel, subissent une hausse +36,7 €/hl.
Les prix moyens des rouges atteignent 96 €/hl (+8 €/hl), et 93 €/hl pour les rosés (+8 €/hl) au cours de cette campagne. Les stocks se situent quant à eux assez proches du niveau idéal de 5,2 mois établi par InterOc. Ils atteignent 2,6 Mhl pour l’ensemble des IGP Pays d’Oc, soit 5,8 mois de stocks à fin juillet 2022. Dans le détail, les stocks rosés sont ceux qui marquent le plus d’excédent. Ils atteignent 638 000 hl, soit 4,9 mois au lieu des 4 mois de stock idéal. Les stocks de rouge (1,6 Mhl, 7,9 mois) sont supérieurs à 6 mois, alors que les stocks de blanc restent sans surprise un peu courts, à 3,3 mois au lieu des 5 mois idéaux. La précocité du millésime 2022 devrait toutefois aider à faire la transition entre millésimes plus rapidement pour les vins blancs.
Les estimations émises par Agreste pour la récolte 2022 annoncent pour le bassin ex-Languedoc-Roussillon un volume proche de la moyenne quinquennale, autour de 12 Mhl, en hausse de 25 % par rapport à 2021.
Laure Lacombe attire également l’attention sur l’IGP Terres du Midi « qui tire son épingle du jeu en grande distribution, où elle est le seul segment vin en progression avec les vins sans IG d’après les chiffres du panel IRI ». 79 500 hl d’IGP Terres du Midi ont été contractualisés lors de cette campagne, soit 10,6 millions d’équivalents cols. Le marché est largement porté par les rosés (57 900 hl, soit 73 % des volumes), 26 % de rouges et 1 % de blancs. Le volume total est en baisse de 33 % (-39 000 hl) par rapport à la campagne précédente, mais a généré une augmentation de prix de 15 % (+11 €/hl). « Les sorties de chais sont en progression constante, au fur et à mesure de l’installation sur les marchés, qui dépassent les 110 000 hl à fin Juillet 2022. Sur 12 mois glissants, c’est une hausse de 12,4 % par rapport à juillet 2021, +12 271 hl soit +1,6 million d’équivalents cols », situe Laure Lacombe.