n ce début de mois de septembre, le vignoble du Jura et ses près de 2 000 hectares entrent dans le cœur des vendanges 2022.
« Les crémants ont commencé la semaine du 15 août, et les tranquilles, en grande majorité, la semaine du 29 août. C’est très proche de 2020. Mais les dates sont particulièrement hétérogènes, en fonction des cépages et des parcelles», observe Rachel Outhier, de la société viticole du Jura.
Actuellement, chardonnays, poulsards et pinots noirs rejoignent les cuves. « Les parcelles de trousseau et de savagnin ne seront vendangées que cette fin de semaine et la semaine prochaine », estime pour sa part Antoine Zbyrko, responsable du service Å“nologie au laboratoire départemental du Jura.
Des vendanges précoces, mais surtout optimistes. Pour Rachel Outhier, «les viticulteurs étaient inquiets du manque d’eau. Mais les pluies tombées du 14 au 19 août, juste avant les vendanges, ont changé la donne. Elles ont fait gonfler les raisins et débloqué les maturités». Le secteur d’Arbois, au nord, a été le moins gâté, avec 25 mm environ ».
Mais les stations du centre et du sud du Jura enregistrent « plus de 55 mm » ces quelques jours. Résultat : « il y a du jus, et très peu de dégâts d’échaudage, hormis sur quelques parcelles de poulsard. Les vignerons sont contents et soulagés. »
Le vignoble se félicite aussi de la qualité des moûts. Côté acidités, « C’est très équilibré pour les crémants, et pour l’instant ça tient pour les tranquilles. Il faudra surveiller cet aspect pour la suite des vendanges», prévient Antoine Zbyrko.


Et les degrés « ne sont pas trop haut », témoigne l’Å“nologue. « J’ai rentré des poulsards entre 12,5 et 13, et des chardonnays autour 12,5. » Pas trop bas non plus : « la chaptalisation devrait être anecdotique ». Un équilibre obtenu « grâce aux pluies qui ont permis de diluer, puis de reprendre la maturation. D’un point de vue Å“nologique, on sent vraiment la différence entre l’avant et l’après ». D’ailleurs, en 5 ans dans le Jura, Antoine Zbyrko n’a « jamais goûté des poulsards aussi bons ».
C’est un classique des années solaires, et le seul bémol de 2022, selon Antoine Zbyrko : « On a très peu d’azote dans les moûts. 90 % des parcelles sont carencées, dont un tiers de carences sévères, à moins de 60-70mg/L. Ça m’inquiète surtout sur les fins de fermentation de savagnins destinés à l’élevage sous voile, sur lesquels ont cherche des pH assez bas et des degrés assez hauts. »