ans le vignoble de Bordeaux, « c’est le désarroi complet, il y a une inquiétude grandissante. On va droit dans le mur, plein pot » soupire Didier Cousiney, le porte-parole du collectif vigneron qui vient de se créer pour proposer des solutions radicales aux déséquilibres commerciaux pesant depuis des années sur les vins de Gironde. Résumé dans une pétition en ligne (réunissant ce lundi 29 août après-midi 464 signataires), leur « cri du cœur » s’adresse à tout le tissu économique du premier département viticole de France* (« chers élu-e-s, chers agriculteurs et agricultrices, commerçant-e-s et vous toutes et tous ! ») pour alerter sur une « situation [qui] nous échappe et les structures se retrouvent dans une impossibilité de financer les fournisseurs et autres créanciers ».
« Pouvons-nous laisser tomber la première puissance économique du département, le premier employeur du département qu’est la viticulture ? La vie de nos communes viticoles ? » questionnent les pétitionnaires, qui demandent à leurs représentants syndicaux et interprofessionnels de « revoir notre communication sur les vins avec une publicité plus audacieuse et plus large », de « revoir le mode de gouvernance de nos instances représentatives avec pourquoi pas une indépendance de l’appellation Bordeaux » (ce qui semblerait indiquer une sortie de l’appellation Bordeaux du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux, le CIVB) et de soutenir « une véritable proposition d’arrachage viable et définitive avec l’attribution d’un numérus clausus sur le nombre d’hectares appellation Bordeaux » (une délégation de porte-paroles bordelais vient de rencontrer le ministre de l’Agriculture sur ce sujet).


« Nous sommes conscients qu’il y aura des choix difficiles à faire, et nous sommes prêts. Cependant nous ne sommes pas prêts à ne plus pouvoir nourrir nos familles, ne plus pouvoir régler nos dettes, ne plus pouvoir laisser un outil de travail à nos enfants » poursuit la lettre ouverte, mettant en garde sur l’état d’épuisement du vignoble : « que faudra-t-il pour que nous puissions rapidement mettre en place des solutions à court et moyen terme sans attendre les drames humains ? »
Maire du Pian-sur-Garonne, Didier Cousiney ne compte pas en rester à cette pétition. Il accueillait déj ce 13 juin une réunion publique ouvrant le débat sur l’arrachage.
* : Avec 5 300 viticulteurs pour 108 000 hectares de vignes sous 65 AOP (représenant le quart de la production des appellations françaises).