oncernant tout un chacun, la préservation de la Nature ne peut être un simple sujet de compétition entre entreprises concurrentes. Ne serait-ce que parce qu'elles visent toutes le même objectif, avec des différences de moyens, techniques et financiers. Pas d’atout compétitif à court terme avec le développement durable, même entre grands groupes concurrents, mais un objectif d’amélioration individuelle pour inspirer le collectif. C’est l’un des enseignements du premier forum international sur le sol vivant, qui vient de se tenir à Arles à l’initiative du groupe Moët Hennessy. Se voulant un catalyseur de rencontres et d’échanges, la filiale des vins et spiritueux de LVMH illustre le besoin d’impulsion collective et d’essais collaboratifs pour permettre la réalisation de la transition agroécologique du vignoble. Cette analyse entrepreneuriale demande désormais de travailler durable.
S’appuyant sur un constat partagé par tous, la refondation environnementale des pratiques vitivinicoles nécessite de partager les expériences pour pouvoir en déployer les bonnes pratiques. Si les moyens sont connus (gestion des couverts végétaux, essais de vitiforesterie, travail du sol, réduction des intrants, bilan carbone…), leurs effets sont peu quantifiés (faute d’outils de mesures, notamment de la biodiversité) et la perspective de surcoûts (avec la crainte de pertes de rendements) reste un repoussoir. L’enjeu est désormais d’avoir un investisseur acceptant d’assurer la mise de départ et accepter le risque de tâtonner, de se planter et de ne trouver qu’une partie de la réponse à l’arrivée.
À date, il n’existe pas de modèle pur et parfait pour que le vignoble devienne un écosystème autonome. On peut même avancer qu’il n’existera jamais de solution universelle, cette idée étant pour le moins aberrante face à la multitude de terroirs viticoles existant dans le monde. Devant cette mosaïque de parcelles, les réponses seront multiples. On peut déjà avancer qu’elles ne seront ni toutes noires, ni toutes blanches, avec des avantages et d’inévitables inconvénients. Plutôt que juger, il faut se rappeler qu’un progrès reste un progrès. L’amélioration des pratiques n’est pas un sprint solitaire à finir le plus vite possible, mais un marathon à tenir sur la distance avec le plus de participants pour développer une agriculture de conservation et de régénération. Le départ de cette course ne date pas d’hier, mais une étape supplémentaire est passée avec cette opération de sensibilisation de la filière par le groupe Moët Hennessy. D’autres forums sont prévus, plutôt sur un rythme bisannuel, et pourquoi pas chez un concurrent pour démontrer que la compétition n’empêche pas la collaboration.