« La vigne c'est de la monoculture, et ce sont des clones. En termes de biodiversité, ce n'est pas l'exemple que l'on aime mettre en avant » grince Stéphane Hallaire, le président fondateur de Reforest'Action, ce premier juin à Arles, lors du premier forum international des sols vivants de Moët Hennessy (filiale des vins et spiritueux de LVMH). Un franc-parler qui ne fait pas tiquer Laurent Boillot, le PDG des cognacs Hennessy, et Frédéric Dufour, le président des champagnes Ruinart, habitués aux jugements tranchés de l'expert. Lors de ses visites en Charente et dans la Marne, Stéphane Hallaire leur avait fait part de son effarement face à un « désert de vignes ».
« Est-ce que l'on peut continuer avec un désert de vigne ? testons la plantation d'arbres, on ne peut pas vraiment se tromper : 90 % de la biodiversité terrestre se trouve dans les forêts » propose Stéphane Hallaire, qui implante des ilots de microforêts à Cognac et des haies intraparcellaires en Champagne. « Ce qui est intéressant quand on travaille avec Ruinart et Hennessy c'est qu'ils ont l'envie de faire et les moyens de faire » reconnaît le dirigeant de Reforest'Action


« Pour notre projet de vitiforesterie, 3 rangs ont été arrachés pour 450 mètres. On n'a pas hésité, l'avenir dira si l'on a bien fait ou pas » indique Frédéric Dufour. Avec la vitiforesterie, il est « non seulement [question de créer un] corridor écologique avec un effet au-dessus du sol, mais aussi avec des effets en dessous » pointe Laurent Boillot, qui souhaite pouvoir mesurer les évolutions sur la vie des sols de l'agriforesterie. Pour la biodiversité en général et les arbres en particulier, « notre faiblesse, c'est la mesure » reconnaît Stéphane Hallaire.
Dans l'immédiat, l'objectif de ces plantations d'arbre reste de ramener de la biodiversité et d'atténuer le réchauffement climatique indique Frédéric Dufour, qui recense deux viticulteurs souhaitant tester l'agroforesterie : « on propose à nos livreurs de venir pour voir essais et être accompagnés ». Puisqu'en théorie « par l'approche de l'agroforesterie, on peut changer la qualité des sols et préserver l'économique (les rendements, comme on est dans le temps long) » souligne Laurent Boillot, qui souhaite désormais des mesures pour prouver cette intuition.