es chercheurs en viticulture-œnologie de l’Ecole Supérieure d’Agricultures d’Angers (ESA) travaillent depuis 4 ans en étroite relation avec leurs collègues écologues dans le cadre du projet Avatec (Accompagner et valoriser l’évolution agroécologique des territoires viticoles sous signe de qualité d’origine, écoconception, communication auprès des consommateurs).
« Nous étudions la biodiversité du vignoble régional en suivant les populations d’oiseaux communs » a expliqué Joséphine Pithon, du laboratoire « Biodiversité, Agroécologie et Aménagement du Paysage » (BAGAP), lors du séminaire de restitution du projet organisé ce 29 avril.
Il y a 10 ans, la chercheuse l’avait fait sur 126 hectares en appellation Saumur-Champigny. « Nous avions répertorié 87 espèces, soit 30 % de l’avifaune régionale. Derrière cette richesse globale, nous avions remarqué des disparités entre zones forestières et viticoles. Seules 27 % des espèces d’oiseaux faisaient leur nid dans ces dernières ».
Pour s’affranchir de l’effet paysage, les inventaires réalisés en 2021 pour le projet Avatec ont eu lieu dans 24 zones faisant chacune 10 à 12 hectares où la vigne est dominante dans un rayon de 500 mètres. 2 037 oiseaux diurnes représentant 73 espèces ont été observés. « 27 sur 73 nichent dans la vigne, et seules 11 défendent plus de 5 territoires dans les 24 zones » détaille Joséphine Pithon, notant que 5 des 11 espèces ayant un attrait pour la vigne sont des « espèces spécialistes des milieux agricoles, à enjeu de conservation ».
L’alouette des champs était l'espèce nicheuse la plus abondante (37 territoires) alors qu’elle est en déclin de 22,6 % à l’échelle nationale depuis 20 ans. L’alouette lulu était la deuxième espèce nicheuse la plus abondante (35 territoire), devant la fauvette grisette, le bruant zizi, et la linotte mélodieuse.
Les chercheurs ont compté plus d’oiseaux dans les zones de 12 hectares comprenant au moins 15 % de surfaces non cultivées en vigne (petites friches, arbres, broussailles…).


De manière plus surprenante, ils n’ont vu que très peu d’effets des pratiques viticoles sur les populations. « Un travail spécifique sur l’alouette lulu avec la LPO des Pays de la Loire a montré que cette espèce se reproduit plus facilement dans les inter-rangs travaillés mécaniquement en début de saison que dans ceux tondus tardivement. Les parcelles présentant 20 à 50 % d’enherbement sont les plus favorable à la nidification de cette espèce ayant également besoin de milieux dénudés pour aller chercher de la nourriture. Nous allons continuer à investiguer l’impact des traitements phytosanitaires lors des prochaines campagnes ».
A terme, ils veulent réussir à déduire un score de biodiversité viticole lié à l’avifaune présente sur les différentes parcelles.