ouvignier gris et G9 en blanc, 3160, 3176 et 3179 en rouge. Telles sont les variétés de vignes résistantes au mildiou et à l'oïdium qui se sont détachées à la dégustation, à l’occasion d’une masterclass organisée par les laboratoires Dubernet à Narbonne, à laquelle 110 vignerons et professionnels de la filière ont assisté pour se renseigner sur ces cépages permettant de réduire drastiquement les traitements phytos.
Pour les vignerons, les profils organoleptiques, les mécanismes de résistance, les principes d’obtention ou les possibilités réglementaires des variétés résistantes restent encore assez flous. Pour défricher ces notions et apporter des clarifications aux acteurs de la filière, les laboratoires Dubernet ont animé cette masterclass rythmée par la dégustation de 14 cépages (20 échantillons) cultivées dans différents sites du Languedoc et du sud de la vallée du Rhône. Aussi intéressantes puissent être les variétés quant à leurs capacités de résistance, Matthieu Dubernet, PDG des laboratoires éponymes, annonce toutefois « qu’aucun compromis ne sera possible sur les goûts et leurs qualités organoleptiques », rappelant ainsi au bon souvenir des hybrides producteurs directs « marqués par les goûts foxés ou les déviations liées à la production de méthanol ».
S’il prévient son auditoire que certains des vins présentés à la dégustation sont « d’un niveau qualitatif bluffant », Matthieu Dubernet ne manque pas de rappeler qu’il faut concentrer les efforts « sur des variétés qui apportent un maintien de la fraîcheur aromatique en blancs comme en rouges, il n’est jamais bon d’avoir à récolter des raisins en juillet ». En résumé, le choix doit se porter sur des cépages adaptés « à nos terroirs languedociens, aux profils produits de nos clients, ainsi qu'aux marchés, sans que la productivité en soit considérée comme un gros mot. La consommation mondiale augmente, il faut pouvoir y répondre », appuie-t-il.
En blanc, le souvignier gris n’est pas vraiment une surprise. « Cette variété à la maturité proche du colombard est la plus plantée en France (365 ha) », indique Nicolas Dutour, œnologue des laboratoires Dubernet. Productive, cette variété présente l’intérêt conséquent du maintien de la fraîcheur, « pouvant être vinifiée en profil frais thiolé dans les secteurs frais ou plus exotique dans les secteurs plus chauds », reprend l’onologue. Si le cabernet blanc présente un intérêt en base de prise de mousse et le 3159 pour son potentiel polyphénolique, c’est bien le G9 blanc (3196-57) qui accorde les violons des dégustateurs présents. Son expression aromatique et qualifiée de « bluffante » et sa capacité à conserver sa fraîcheur est essentielle en contexte méridional. « Tardif, ce cépage ne peut pas surmaturer et produit naturellement plus de glutathion et d’acide ascorbique. Comme son petit frère le G5, qui mérite aussi toute notre attention, il est possible d’envisager des vins de garde avec ces cépages tardifs à caractère réducteur, alors que les variétés classiques se retrouvent dépassées dans le contexte du réchauffement que nous rencontrons », valide Matthieu Dubernet.
Côté rouges, le 3179 et le 3176 font très bonne impression par leur parentalité avec le grenache, les deux variétés se montrant de surcroît tardives. Le potentiel polyphénolique du 3176 est néanmoins bien supérieur, « il passerait très bien dans une dégustation d’AOC de terroir », approuve Matthieu Dubernet. Aromatique, densité, potentiel de garde, c’est pourtant le 3160 qui crève l’écran dans la dégustation des rouges. Issu du croisement avec le Fer Servadou du sud-ouest, ce cépage assez tardif au rendement moyen « sort toujours bien en dégustation depuis plusieurs années », relève Marc Dubernet.
Alors que différentes variétés présentent un réel intérêt en fonction des profils de vins recherchés, Matthieu Dubernet avertit l’auditoire qu’il est pourtant déjà vain d’avancer vers des cépages « dont les dates de récolte sont déjà trop justes en arrivant à maturité en août ». De la même manière, une attention particulière est portée sur les capacités de résistance à la sécheresse, et des certitudes liées aux porte-greffes se dégagent déjà. « Nous savons que maintenant le 140Ru en convient pas du tout pour grenache et tous ses descendants, comme le 3176 et le 3179, en créant trop de mortalité », valide Hernan Ojeda, de l’Inrae Pech Rouge.