ourquoi utiliser des capteurs en viticulture ? « Pour mieux connaître ses parcelles et adapter ses pratiques, en modulant par exemple sa fertilisation selon une cartographie de vigueur » répond Christophe Gaviglio, ingénieur à l’IFV pour le pôle Sud-Ouest, lors d’un webinaire réalisé en partenariat avec Vitisphere ce 27 avril (voir le replay en fin d’article).
Les capteurs permettent en outre de piloter en temps réel l’irrigation ou de mieux organiser les vendanges ou les chantiers de prospection flavescence dorée. Pour sortir traiter au bon moment, les viticulteurs peuvent aujourd’hui s’appuyer sur des capteurs météo et des outils d’aide à la décision (OAD).
En partenariat avec l'Inrae, Marc Raynal et son équipe de l’IFV Bordeaux – Sud Aquitaine ont également mis sur pieds un nouveau réseau de capteurs visant à construire un nouvel indicateur épidémique et aider les viticulteurs à lutter plus efficacement contre le mildiou, l’oïdium ou le black-rot. « Nous avons démarré le projet VISA en 2020 nous concentrant sur le mildiou. Les spores sont capturées par des boîtiers contenant deux petits bâtonnets en bois enduits de vaseline tournent à 2400 tours/minute, sans impact du vent » explique l’ingénieur.
Les techniciens font tomber les bâtonnets dans un petit récipient dans lequel ils ajoutent du K-OH pour détruire les tissus cellulaires et les insèrent dans un petit appareil d’analyse par Lamp-PCR (amplification isothermique sans extraction d'ARN). « Cette méthode est rapide, peu chère, et permet de faire une mesure directement au champ » précise Marc Raynal.
Les capteurs ont été disposés à différentes hauteurs, près de la litière, à 20 cm du sol, à hauteur du fil de palissage, au sommet de la végétation, sur le toit d’un bâtiment. « On imaginait que c’est dans les capteurs placés le plus bas dans la végétation qui nous détecterions le plus tôt les premières contaminations, par effet splashing, mais ce n’est pas forcément le cas » détaille Marc Raynal, expliquant en plus ne pas avoir constaté d’effet sur les heures de prélèvement. « Il n’y a pas de rythmes journaliers de production de spores comme c’est le cas pour le botrytis ».


En 2021, 25 capteurs ont été déployés chez plusieurs viticulteurs partenaires, essentiellement bordelais. Cette saison, ils sont 70, également installés en Charentes, Val de Loire, et à Gaillac. « Chaque viticulteur a accès à un tableau de bord lui donnant les informations spécifiques à sa parcelle. Il peut aussi consulter une carte régionale pour voir dans quelles zones la maladie progresse, sans toutefois pouvoir assez zoomer pour précisément repérer chez qui » poursuit Marc Raynal.
En 2021, prenant l’exemple d’une parcelle en Pessac-Léognan, l’ingénieur explique que les captures de spores interviennent avant l’apparition des symptômes dans 80% des cas. A termes, le projet doit permettre des économies de traitements, 4 à 6, appliqués en début de saison.
Guillaume Robichon, technicien à la cave de Tutiac, fait partie des partenaires. Pour lui, le suivi de la sporée va également être utile pour bâtir un nouveau système d’assurance contre les aléas sanitaires, un travail en cours dans le cadre du projet Vitirev.
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