omment augmenter la participation des viticulteurs aux mesures agroenvironnementales ou inciter ceux ayant déjà contractualisé à aller encore plus loin ? Comment leur faire prendre le chemin d’une viticulture moins gourmande en produits phytosanitaires ?
Les chercheurs commencent à trouver des réponses. C’est le cas sur la question des herbicides et de l’enherbement via le projet PollDiff Captage, visant à préserver la qualité de l’eau potable.
« Dans le cadre des mesures agroenvironnementales et climatiques (MAEC) proposées entre 2014 et 2020, en ex-Languedoc-Roussillon, les viticulteurs pouvaient prétendre à 184 €/ha/an s’ils se passaient complètement d’herbicides, à 106 € pour l’inter-rang, et à 106 € supplémentaire s’ils implantaient des couverts végétaux » a rappelé Gwenolé Le Velly, du Centre d’économie de l’environnement de Montpellier, à l’occasion de la journée sur la sortie des pesticides organisée ce 8 mars.
« Ces mesures ne sont pas toujours adaptées à la réalité du terrain et ne répondent pas aux attentes des exploitants ». Pour trouver le moyen de les rendre plus attractives, Gwenolé Le Velly et Ira Helal de la Fredon Occitanie, ont mené une enquête auprès de 165 viticulteurs.
« Nous leur avons proposé plusieurs contrats hypothétiques, avec une base "fixe", l’enherbement des tournières toute l’année et celui de tous les inter-rangs de la récolte au débourrement de la vigne, et des variables, portant sur la durée de l’engagement et la possibilité d’années "joker", le nombre d'inter-rangs couverts du débourrement jusqu'à la floraison, l’accompagnement par des pairs, et le montant des aides, de 100 à 600 € par hectare et par an » détaille l’économiste.
L’enquête montre que les viticulteurs accepteraient un contrat nécessitant d'enherber tous les inter-rangs au printemps pour un montant supplémentaire de 302 €/ha/an en moyenne. Pour 325 €, ils seraient prêts à abandonner complètement les herbicides.
A noter également qu’ils accepteraient, dans le cadre d’un contrat de 5 ans, de perdre 114 € si une année « joker » leur est accordée. Pour justifier ces montants, la profession met en avant l’investissement en matériel et le temps de travail supplémentaire.
Autre piste, la mise en place d’une assurance incitative indemnisant les pertes liées aux maladies (mildiou, oïdium…) conditionnée au respect des recommandations de l’outil d’aide à la décision Décitrait.
Une expérience est conduite dans le cadre du projet VitiRev, à laquelle participe l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV), Groupama, les Vignerons de Tutiac et ceux de Buzet. A la clé, une baisse non négligeable de l’Indice de Fréquence de Traitement (IFT). Les partenaires doivent encore travailler sur les modalités de suivi des parcelles, trop contraignantes, et le taux de franchise, actuellement fixé à 5 % de pertes.