près deux années blanches dues au covid, Philippe Pellaton, le président d’Inter Rhône, était heureux de reprendre la parole en ouverture du salon Découvertes en Vallée du Rhône, qui débutait ce lundi 4 avril à Avignon pour s’achever ce jeudi 7 avril à Ampuis. Et pas question de plomber la joie des retrouvailles avec de mauvaises nouvelles !
Le millésime 2021 s’annonce qualitatif, même si la récolte impactée par le gel est en recul de 5 %, à 2,57 millions hl. « Avec une météo moins solaire, ce milllésime plutôt tardif a donné des vins frais, fruités et un taux d’alcool abaissé d’un degré en moyenne », indique Philippe Pellaton. Après le creux d’activité de 2019-2020, les sorties de chais ont été dynamiques, avec 2,55 Mhl vendus en 2020/2021. Les stocks se sont plutôt consolidés (+ 3% à la production, + 4 % au négoce), mais « sans devenir problématiques » selon Denis Guthmuller, président du Syndicat général des vignerons des Côtes du Rhône. Si le rouge reste majoritaire, les vins blancs et rosés (respectivement 10 et 14 % des volumes récoltés en 2021) s’installent durablement dans le paysage.


« Aujourd’hui, il y a une parfaite adéquation entre la répartition des couleurs dans la production et dans la commercialisation, reprend Denis Guthmuller. Mais cet équilibre est amené à évoluer. » Pour une nouvelle génération de consommateurs biberonnés aux sodas, des vins frais et fruités sont en effet une porte d’entrée dans l’univers des vins. La poursuite de la diversification des couleurs est désormais un enjeu majeur pour l’interprofession. « La part des blancs et rosés en France et à l’international est trop importante pour que nous restions sourds à ce marché », insiste Philippe Pellaton. Qui ne veut surtout pas négliger les rouges : « à nous de montrer qu’il y a différents profils de vins adaptés à différentes occasions de consommation ».
Il est vrai que le marché français est plutôt « morose », confirme Samuel Montgermont, le président de l'Union des Maisons de Vins du Rhône, notamment en grande distribution où les ventes reculent de 6 %. « Avec l’évolution de la pyramide des âges, on observe une baisse de la consommation, sans solution à court terme pour l’endiguer », lâche le président du négoce. Pas de solution, mais deux stratégies. D’une part, diversifier les couleurs de vins. D’autre part, miser sur l’export. Car à l’international, « tous les voyants sont au vert », reprend-il. Les exportations ont atteint 954 000 hl en 2021 (+ 9 %) pour 550 millions de chiffre d’affaires (+ 21 %). Belgique, Royaume-Uni et Etats-Unis forment le trio de tête en volume comme en valeur, mais tout le marché européen traditionnel est en progression, ainsi que l’Amérique du Nord et la Chine.


Autre carte à jouer : la labellisation, notamment bio. Les vins bio, qui représentaient 12 % en volume et 13 % en surface de la récolte 2021, ont mieux résisté, notamment en grande distribution. La vallée du Rhône est désormais la région AOP la plus vendue en bio en grande distribution, avec 27 % des parts de marché en 2021 (juste devant Bo
rdeaux). Et Samuel Montgermont en est convaincu : « le vin de demain sera labellisé ou ne sera pas ».
Face à ces enjeux, et dans un contexte géopolitique incertain, Philippe Pellaton a admis « des signaux faibles d’inquiétude ». Mais c’est « sereinement » qu’il a présenté les trois points de la feuille de route d’Inter Rhône : la diversification des couleurs, la consolidation de l’export et l’engagement environnemental – lequel se traduira entre autres par la labellisation Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) RSE de l’interprofession, prévue pour juin. Ces trois axes, assure-t-il, permettront de « créer un rebond afin d’être en phase avec notre temps et notre environnement ».