ous-titré lors de sa première édition, en 2018, "Ce que les autres livres ne vous disent pas", l’Antiguide du vin rédigé par Fabrizio Bucella est augmenté ce début 2022 de nouvelles questions aussi inattendues que pertinentes pour mieux transmettre la culture du vin au grand public. Entre rigueur scientifique et humour loufoque, le professeur de physique et sommelier propose 120 questions souvent existentielles ("quel vin boire avec un fromage ?", "un vin cher est-il forcément bon ?"…), fréquemment originales ("les animaux boivent-ils de l’alcool ?", "l’ œnographilie, c’est grave docteur ?"…) et toujours décomplexées ("un verre de vin améliore-t-il l’érection ?", "quid de la libido des femmes ?"…).
Beethoven était-il alcoolique ?
Le rapport d’autopsie du compositeur note que Beethoven est mort d’une défaillance du foie sur cirrhose alcoolique, compliquée d’une péritonite, la pancréatique (inflammation du pancréas) pouvant aussi s’expliquer par l’éthanol.
Plus récemment, on a proposé une explication complémentaire : celle de l’intoxication au plomb. Des analyses récentes tant des cheveux que des os montrent que le compositeur était atteint de saturnisme, la divinité Saturne étant le symbole du plomb pour les alchimistes du Moyen-Âge.
D’où venait le plomb trouvé dans le corps de Beethoven ? Il pouvait provenir de la vaisselle, de carafes ou de récipients, en plomb ou en cristal de plomb. Cela n’explique pas vraiment les concentrations mesurées. L’hypothèse la plus sérieuse est que le compositeur ingérait une quantité importante de plomb dans le vin dont il raffolait. La piste du saturnisme se combine à celle d’un grand amateur de vin, ce qui est cohérent avec le rapport d'autopsie.
Il n’est pas tout à fait clair de quels vins Beethoven était friand, sans doute qu’il en aimait beaucoup. On parle du vin de Mayence, de vin Hongrois, parfois encore de Champagne. Les vins de Mayence ou les vins Hongrois (vins du Buda) de moindre qualité étaient fortifiés avec du monoxyde de plomb (litharge) afin de les adoucir et de retirer leur piquant. Il est plusieurs témoignages de vins piqués, qui après ajout de litharge, se trouvent flatteurs pour le palais. Bien que formellement interdite, la pratique était usuelle.
En résumé, Beethoven est sans-doute mort de saturnisme, l'excès de plomb étant apporté par le trop de vin qu'il buvait, ce qui explique l'état pathologique de son foie et pancréas.
Faut-il boire beaucoup pour devenir expert en vin ?
La réponse à cette question vous surprendra. L'expertise en vin se fait sur trois niveaux :
- Il s'agit d’abord d'une entreprise de connaissance théorique.
- La pratique de la dégustation aide et motive dans cet apprentissage.
- Enfin, la progression résulte en une meilleure catégorisation des sensations, une meilleure description de celles-ci, les performances pures de dégustateur n’étant que peu affectées.
Le corollaire de ces éléments est une bonne nouvelle qui s’applique à tout le monde : il n’y a pas de mauvaise prédisposition, sauf à souffrir d’une pathologie – comme l’agueusie, absence de goût ou l’anosmie, absence d’odorat - qu'on connaît bien depuis le virus.
Dans ce cas, comment distinguer l’expert du novice ? L'expert déguste mieux que le novice, mais il n’a pas nécessairement de meilleures papilles gustatives, et celles-ci ne sont pas mieux rodées par un entraînement quotidien, à l'instar des mollets pour un coureur de fond.
L’amélioration de la performance s’effectue à un autre niveau, plutôt cognitif et moins perceptif.
L'expert connaît mieux l'arrière-plan, le contexte, les références. L’expert se distingue du novice par son bagage théorique. La connaissance de l’arrière-plan lui permet, par exemple, de directement chercher le D-limonène (citron) dans un chardonnay ou bien la vanilline (vanille) dans un vin passé en fût de chêne. Il reconnaîtra plus vite les odeurs, car il sait ce qu’il doit chercher.
Existe-t-il un remède contre la gueule de bois ?
Le lendemain de la veille, le verre de trop est paré de tous les défauts. S'agit-il vraiment du verre de trop ? Si le dernier verre était celui de trop, l'avant-dernier le serait également. Qu'on supprimât l'avant-dernier, le dernier passerait avant-dernier et il ne serait plus le verre de trop.
On l'a compris, la réponse est simple : l'abus dans l'excès est l'excès dans l'abus.
Après avoir épluché la littérature scientifique et réalisé force travaux pratiques, l'auteur en vient à la conclusion suivante. Il n'existe pas de sirop typhon, l'universelle panacée peut s'oublier, à la cuillère ou bien dans un verre, rien ne saura résister à la gueule de bois. Par contre, tout ce qui peut aider est bon à prendre : bain de soleil, repos devant la télévision, allongé dans une chambre noire, musique relaxante, éventuellement un antalgique si la douleur est trop forte.
N'oubliez pas de boire et boire encore, de l'eau ou de la tisane, par petites quantités et régulièrement, pendant les vingt-quatre heures qui suivent le déclenchement des symptômes. On l'oublie trop souvent : l'éthanol déshydrate.
Si cela ne vous convenait pas totalement, on aurait encore le remède miracle de la grappe de raisin. Prenez une grappe de raisins bien fournie et dodue. Avalez un grain, en le croquant selon l'envie, toutes les heures. Quand sera terminé le traitement, à la fin de la grappe donc, vous n'aurez plus mal.
Que vous ayez encore mal, la grappe était trop petite. CQFD.