e domaine, qui s’étend sur une quarantaine d’hectares au total, dont une vingtaine plantée en vignes, se situe sur les versants nord des montagnes Helderberg dans la région de Stellenbosch. Son prix d’achat n’a pas été divulgué, mais il s’élèverait entre 100 et 120 millions de rands (soit entre 5,8 et 7 millions d’euros). Un prix qui s’expliquerait par son terroir jugé unique*, son altitude (269 mètres), ses installations de vinification ultra modernes et ses activités oenotouristiques. Le rachat de ce domaine par Patrice Motsepe, dont la fortune est estimée à environ 2,5 milliards d’euros, est vu d’un bon œil par les organismes professionnels sud-africains et les experts locaux, qui pointent des perspectives de développement à l’export et au niveau touristique.
Avocat, homme d’affaires et beau-frère du Président sud-africain Cyril Ramaphosa, Patrice Motsepe s’est engagé aux côtés de Bill Gates et Warren Buffet à faire don de la moitié de sa fortune à des œuvres caritatives, envoyant un signal positif sur l’évolution de l’économie et du secteur vitivinicole sud-africains.
Il faut dire que sur plus de 2 800 vignerons dans le pays, seuls une soixantaine sont noirs. Le cas de l’Afrique du Sud en la matière n’est pas unique : une étude publiée en 2021 aux Etats-Unis a montré que moins d’un pourcent de l’ensemble des caves aux Etats-Unis appartenaient à des propriétaires noirs. Cela, sachant que les consommateurs noirs représentent globalement plus de 10 % des buveurs américains de vins. Mais en Afrique du Sud, le secteur vitivinicole est surveillé de près depuis la fin de l’apartheid, car il est considéré comme un moteur important d’intégration économique de la communauté noire, et un atout dans un pays où le commerce équitable revêt une importance particulière. A fortiori depuis la pandémie du Covid-19, qui a fortement touché la filière vitivinicole sud-africaine.
A l’occasion de la journée d’information annuelle Nedbank fin janvier, le directeur de l’organisme professionnel Vinpro, Rico Basson, a recensé les différentes problématiques auxquelles le secteur doit faire face actuellement : pénurie de verre, difficultés import-export au sein du port du Cap, coûts à la production en hausse de 15 % contre une augmentation de seulement 3 % du prix des vins, ainsi qu’un marché illicite qui se développe, sont autant d’écueils à surmonter. Si les stocks de vins sans contrat d’achat ont pu être ramenés de 2 millions d'hectolitres fin 2020 à 60 millions de litres fin 2021, c’est en orientant une partie de la production de raisins vers les moûts concentrés et grâce aux bons chiffres à l’export en 2021. Les prévisions d’une récolte 2022 relativement faible sont donc les bienvenues.
* : L’encépagement fait la part belle aux cépages cabernet-sauvignon, sauvignon blanc et shiraz, complétés de merlot, petit verdot, tannat et viognier. La gamme des vins, qui comporte une douzaine de références, se décline dans les trois couleurs et comporte des effervescents Méthode Cap Classique.