ans l’Hérault, les producteurs de raisin de table se comptent sur les doigts de la main. A Saint-Jean de Fos, Julien Nougaret le cultive en bio sur 6 hectares. « J’ai voulu préserver la tradition familiale, aux côtés des vignes à vin et des vergers de fruitiers » a-t-il expliqué aux dix stagiaires du Centre d'initiatives pour valoriser l'agriculture et le milieu rural (CIVAM) bio venu découvrir son exploitation ce 11 février.
Le muscat de Hambourg est plébiscité par ses clients. « Mais j’ai aussi planté du prima, cardinal, chasselas, rubi, italia, muscat d’Alexandrie et du centennial. L’idée est d’étaler mes cueillettes de la mi-juillet à la mi-octobre » explique Julien Nougaret.
Sa récolte est totalement manuelle, dans ses parcelles conduites en lyre comme dans celles palissées verticalement. Elle a lieu chaque matin dès l’aube. « Nous effeuillons la vigne au bon endroit pour bien distinguer les grappes et nous nous positionnons en binôme de part et d’autre d’une brouette sur laquelle sont disposées les cagettes tapissées de garnitures papier, carton et étiquettes mentionnant les coordonnées de l’exploitation » poursuit le polyculteur.
Armés d’une paire de ciseaux fins, les coupeurs calent chaque grappe contre leur main pour retirer les baies vertes, les grains millerandés, ou pourris. Puis ils les positionnent à plat dans une cagette, rafle vers le haut, facile à attraper. Plus personne ne touchera le raisin jusqu’à sa consommation.
Une personne peut remplir de six à dix cagettes par heure, l’équivalent d’environ 50 kgs de raisin suivant l’état sanitaire et les variétés. Lorsqu’elles sont pleines elles sont déposées à l’ombre des pieds de vigne, puis embarquées sur un plateau de tracteur.
Une petite chambre froide mobile de 9 mètres cube permet de conserver les fruits quelques jours sur l’exploitation le temps du transfert. « Mais je m’en sers très peu, indique Julien Nougaret. Quand la chaleur nous force à arrêter la récolte, vers midi, nous partons très rapidement en livraison chez les clients avec un ou plusieurs véhicules ».
Formé à la vente et à la négociation, l’agriculteur vend toute sa production à des grossistes, en demi gros, à des magasins de producteurs, en vente directe ou à l’export pendant les pics de production. Julien Nougaret multiplie les coups de téléphone de sorte à offrir le plus de débouchés possibles à sa future cueillette. « J’y passe beaucoup de temps avant récolte et je ne cède pas sur les prix surtout pour les variétés difficiles à conduire comme le centennial, très sensible aux variations climatiques et aux maladies ».


Pour ses travaux de saison, Julien Nougaret fait appel à la prestation. « Hormis les cagettes et les brouettes, je n’ai pas de matériel spécifique au raisin de table. Seulement mon tracteur, pulvérisateur, cadre de labour, gyrobroyeur, poudreuse, fourche et dérouleur de fil, qui me servent également à travailler mes parcelles à vin ».
Ses parcelles essentiellement conduites en lyre sont peu mécanisables. A l’avenir, Julien Nougaret songe à tester le T-bord. Son mode de taille est adapté à la fertilité de ses variétés. « Sur le centennial, je ne peux par exemple faire que du guyot. Il est pour l’heure palissé à la verticale mais j’opterai pour la lyre lors de la prochaine plantation, pour freiner sa vigueur et limiter sa sensibilité au mildiou ».
Quand les éléments le permettent ou le justifient, Julien Nougaret éclaircit son raisin, écime, effeuille, ou retire les entre-cœurs suivant les variétés.
Côté traitements, il doit faire particulièrement attention à ne pas marquer le raisin. « Je privilégie le soufre mouillable incolore sur les derniers traitements ou en poudre, car le mouillable standard marque davantage » illustre-t-il. Il lutte contre le vers de la grappe à l’aide de la confusion, prépare des bouillies de plante à l’aide de thym, de romarin et des orties qu’il trouve sur son terrain, et pulvérise du purin sur ses vignes en mai pour renforcer leurs défenses immunitaires et les rendre plus résistantes.
Ses sols sont labourés superficiellement deux fois par an, fin de printemps et en sortie d’hiver, pour réduire le chiendent, les ronces et le liseron. Certaines de ses parcelles sont paillées sous le rang. « Cela déporte la bande d’herbe sur le côté et facilite mon passage de débroussailleuse, à pied ». Bientôt, Julien Nougaret testera l’enherbement.
Son conseil aux viticulteurs présents : commencer par planter un demi-hectare irrigué et conduit en lyre avec différentes variétés. « Et, même si les marchés sont nombreux, ne pas lésiner sur la commercialisation ».