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« En route vers les premiers crus » annonce la dégustation professionnelle organisée ce 13 février par l’association du cru Fleurie au restaurant La Bonne Franquette (Paris XVIII). Proposant à la dégustation d’acheteurs et sommeliers leurs cuvées de lieux-dits (les Côtes, la Madone, les Moriers…), 25 vignerons témoignent de l’avancée du projet en réflexion depuis 2009. S’appuyant sur d’importants travaux cartographiques, bibliographiques et organoleptiques réalisés ces dernières années sur une trentaine de lieux-dits et plus d’une centaine d’étiquettes, les porteurs du projet espérent qu’un dossier sera déposé d’ici un an à l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO).
À l’occasion de cette première dégustation sur l’accession aux premiers crus*, l’objectif de montée en gamme s’accompagne clairement d’un désir de montée en valeur. « Le frein ce n’est pas le marché, ce sont les vignerons qui n’osent pas monter leurs prix » indique Grégoire Hoppenot, le secrétaire de l’association du cru Fleurie, pour qui la valorisation est obligatoire alors que les coûts de production du Beaujolais sont forts et que la mécanisation reste faible (avec les pentes, densités de plantation, taille gobelet…). Il y a plus de problème à ce que les vendent cher, qu’à ce que le marché achète à ce prix renchérit le vigneron Gilles Gelin, du domaine de Nugues, qui commercialise depuis deux ans une cuvée à 25 € : « elle répond à la tendance de marché du rapport qualité-prix ».
Recensant actuellement 32 lieux-dits, Fleurie ne compte pas tous les faire reconnaître en premiers crus. Sur 830 hectares en appellation, « ce serait bien d’arriver autour de 200 ha » esquisse Grégoire Hoppenot, qui indique que l’INAO travaillera aux délimitations d’après les propositions du cru Fleurie. Pour définir le cahier des charges du projet de premier cru, des questionnaires vont prochainement être envoyés aux producteurs pour faire le point sur leurs pratiques et aboutir à des préconisations.
Si Fleurie avance en la matière, d’autres crus travaillent également à leur hiérarchisation : Brouilly, Côte-de-Brouilly, Juliénas et Moulin-à-Vent. Portés par l’exemple de Pouilly-Fuissé, le premier premier cru du Mâconnais, les crus du Beaujolais ne pourront que gagner à se structurer sur le modèle des vins de Bourgogne note Florence Bouchard, du château de Rougeon (possédant également des vignes en Côte Chalonnaise).
* : Lors du dernier salon Wine Paris & Vinexpo Paris, une dégustation avait également était organisée, mais elle portait sur les lieux-dits, en préalable à la démarche actuelle de premier cru.