vec une implantation en appellation Champagne, le voltis deviendrait le premier des cépages résistants au mildiou et à l’oïdium à intégrer un cahier des charges AOC*. Réuni ce 10 février, le comité national des Appellations d'Origine relatives aux vins de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO) valide la demande champenoise d’inscription expérimentale du cépage voltis à son cahier des charges. Soit l’essai dans le champ de l’appellation d’une vigne à "Résistance Durable" (ResDur1) permettant de limiter drastiquement les traitements phytos contre les maladies cryptogamiques (mildiou et oïdium).
Et ce dans le cadre des Variétés d’Intérêt à Fin d’Adaptation (VIFA), soit dans la limite de 5 % des surfaces d’une exploitation et de 10 % des assemblages sur une période de 5 ans (renouvelable une fois). Prochainement soumise à deux mois Procédure Nationale d’Opposition (PNO), cette modification du cahier des charges met à profit la possibilité européenne d’intégrer à partir de 2023 des cépages qui ne sont pas 100 % Vitis vinifera dans les cahiers des charges AOP (avec ici une variété hybride française alliant des caractéristiques organoleptiques des cépages traditionnels aux gènes de résistance au mildiou et oïdium de vignes sauvages du genre Vitis). Une évolution réglementaire attendue par les vignobles d’appellation pour répondre aux enjeux des Zones de Non Traitement (ZNT).


Validée en Champagne l’été 2021, cette demande d’intégration du voltis répond à des enjeux sociétaux aussi forts que pressants. « Le voltis est une des réponses pour l’enjeu important de la prise en compte du vivre ensemble : entre riverains et production. Mais cela va au-delà des ZNT, c’est aussi une prise en compte des évolutions de pratiques et de consommations » explique Maxime Toubart, le coprésident du Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne (CIVC) et le président du Syndicat Général des Vignerons (SGV). Ajoutant que « nous restons convaincus qu’une AOC ne doit pas évoluer en permanence, mais s’adapter aux contraintes ». Une approche partagée par Christian Paly, le président du Comité national des Appellations d'Origine relatives aux vins de l’INAO, qui note qu’avec ce « premier Vitis que nous intégrons dans un cahier des charges d’appellation d’origine contrôlée », les AOP « sont dans une position excessivement réactive et novatrice » pour « répondre aux challenges d’avenir de l’agriculture française ».
Alors que de premières VIFA sont déployées dans le vignoble français pour répondre aux enjeux du changement climatique, le voltis serait la première VIFA écologique des AOC. Les vins à Indications Géographiques Protégés déploient depuis 2019 des cépages résistants, sans limite autre que le classement et l’inscription au Catalogue national officiel des variétés de vigne suite à un arrêté du 22 décembre dernier. À noter que parmi les autres modifications du cahier des charges champenois se trouvent l’autorisation des vignes semi-larges, l’obligation de traitement à l’eau chaude des plants… « Des enjeux qui ne sont pas que champenois, mais qui intéressent toutes les autres régions » souligne Maxime Toubart.
* : Si l’on excepte le cas du Baco blanc, hybride inscrit au cahier des charges de l’AOC Armagnac.