Après une sécheresse totale de 45 à 50 jours, il devrait pleuvoir pour la première fois de l'année sur le sud-est dès dimanche » annonce ce 9 février sur Twitter l’agroclimatologue Serge Zaka.
L’évapotranspiration étant faible à cette période, ces quelques millimètres seront bénéfiques pour quelques jours, « mais insuffisants pour garantir une bonne recharge des nappes phréatiques avant l’été » nuance-t-il.
Chez ITK, sa consoeur Amélia Caffarra rappelle que le déficit pluviométrique atteint aujourd’hui jusqu’à 50 mm pour cette région viticole. « Cette sécheresse hivernale pourrait avoir de lourdes conséquences sur la croissance de la vigne, la nouaison et même sur le fonctionnement des systèmes d’irrigation goutte à goutte » prévient-elle.
En effet, des études ont montré que des précipitations réduites pendant l’hiver et une réserve utile vide à la reprise de la croissance retardent le débourrement et diminuent le rendement jusqu’à 40 %. Des conditions de sol trop sèches peuvent en plus provoquer des troubles de la croissance et, in fine, déboucher sur une perte de rendement substantielle.
« Le problème est connu sous le nom de "delayed spring growth" dans les pays anglosaxons et il est souvent causé par le manque d’humidité du sol. Il en résulte un flétrissement des bourgeons, un retard de croissance et, dans les cas les plus graves, la coulure et l’avortement des jeunes fruits. Ils sont est en partie due à une atteinte vasculaire causées par des conditions sèches. Les bourgeons dormants se déshydratent pendant l’hiver et ont des connexions vasculaires relativement faibles avec le reste de la vigne » décrit Amélia Caffarra.
Les pleurs de la vigne aident à réhydrater les bourgeons. Cependant, lorsque le sol est trop sec ou que la réserve en sucres est trop faible, ce processus peut être altéré.
Une autre conséquence de la sécheresse du sol en hiver et au printemps est l’inhibition de la formation de racines fines, importantes pour l’acquisition des ressources et pour les interactions microbiennes. « On peut donc s’attendre à une diminution de l’absorption des éléments nutritifs et à l’apparition de carences » regrette la consultante.


Si cela ne suffisait pas, la sécheresse hivernale favorise l’entrée de fourmis dans les systèmes d’irrigation. « Elles perforent les membranes des goutte-à-goutte pour entrer dans les conduites d’eau ».
Amélia Caffarra conseille aux vignerons d’évaluer l’humidité de leur sol et d’examiner les prévisions météorologiques pour envisager une irrigation hivernale. « Pour savoir exactement quand et combien de temps irriguer, une connaissance précise de la texture et de la profondeur du sol et l’évaluation de sa capacité de stockage d’eau sont très utiles. Ces informations peuvent être fournies par des modèles agronomiques et des OAD d’irrigation comme Vintel ».