n Côtes de Bourg, des vignerons bio de l’appellation ne décolèrent pas. Depuis le vote en conseil d’administration (en février 2020) actant l’obligation de label Haute Valeur Environnementale (HVE) pour prétendre à l’AOC des vins produits en 2025, la pilule ne passe pas du tout pour une dizaine d’entre eux rapporte Sud-Ouest.
Ils n’acceptent pas de devoir se contraindre à une certification supplémentaire, « alors que nous nous sommes inscrits dans cette démarche environnementale depuis des années ! », appuie le le vigneron Pierre-Henri Cosyns, du château Grand Launay (certifié AB depuis 2012), qui ne veut par ailleurs relever aucun grief particulier vis-à-vis de la certification HVE. « La HVE est une bonne chose, mais il est impensable d’alimenter une telle confusion pour le grand public en opposant les certifications environnementales», enchaîne Pierre-Henri Cosyns, « je me suis engagé vers le bio depuis 2009, puis en biodynamie, et je trouve totalement injuste que l’appellation décide d’exclure les vignerons bio de cette manière. Ce n’est basé sur aucun socle technique recevable, dans la mesure où le bio va plus loin que la HVE ».
Le vote de 2020 n’est pas remis en question, mais le groupe de vignerons ne s’explique pas cette orientation clivante, alors qu'un consensus ouvrant l'AOC à la HVE et/ou à la bio a été trouvé dans de multiples appellations, comme chez les voisins de Saint-Emilion, ou dans les Corbières (en Languedoc). Ils appuient en outre leur mécontentement par une série d’arguments émanant des institutions nationales. « Le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie a déclaré que c’est un non-sens d’opposer bio et HVE. De plus, l’incompatibilité avec la réglementation européenne sur les SIQO empêche l’application de cette obligation de certification. L’Inao devrait préciser enfin que le choix final entre HVE ou AB soit laissé à l’agriculteur dans tout cahier des charges », enfonce Pierre-Henri Cosyns, qui ne comprend pas l’objectif d’une telle éviction d’une partie des producteurs de l’appellation.
Alors que 25% des surfaces des Côtes de Bourg sont annoncées en certification en bio, la vigneronne, de Saint-Emilion, Sylvie Dulong, présidente de Bio Nouvelle-Aquitaine (fédération régionale d'agriculture biologique Nouvelle-Aquitaine), n’exclut pas « une scission possible au sein de l’appellation Côtes de Bourg si les choses restent en l’état, alors que les vignerons bio y occupent une place considérable. Les différentes organisations professionnelles bio soutiennent la position de ces vignerons ».
Face à cette montée des crispations, le bureau du syndicat d’appellation annonce se réunir ce jour avant de communiquer officiellement sur le sujet. Une réponse attendue avec impatience par certains.