La nature ce n’est pas blanc ou noir, ce sont des justes équilibres » pose le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, présentant ses vœux à la presse ce 4 janvier. Maintenant et répétant sa position et ses déclarations pragmatiques (« pas d’interdiction de phytos sans alternatives »), l’homme politique défend le bilan du quinquennat en indiquant que l’exécutif a « avancé avec méthode sur le sujet des produits phytosanitaires [pour] ne jamais laisser d’agriculteur dans une impasse, sans solution ». Julien Denormandie en veut pour preuve la dérogation pour les néocotinoïdes dans la filière betteravière, « pour ne pas avoir à importer des productions de sucre qui utilisent ces néocotinoïdes et d’autres produits interdits », et la stratégie de sortie du glyphosate : à partir de 2022, « les nouvelles Autorisations de Mise sur le Marché (AMM) permettront de réduire de 50 % l’utilisation de glypho. Ces AMM sont faites par les autorités scientifiques, l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire) pour faire en sorte que là où il y a besoin d’utiliser du glyphosate, on puisse le faire à des doses appropriées ».
Le ministre martelant une seule et « même position : quand on a une alternative, crédible environnementalement et viable économiquement, alors il faut prendre l’alternative, sinon il faut continuer à utiliser le glyphosate. » Alors qu’une proposition de loi déposée par l’opposition demande d’interdire l’usage du glyphosate est à l’étude à l’Assemblée Nationale, « je suis complétement opposé contre ceux qui disent loin de mes yeux, loin de mon cœur. C’est trop facile, on détruit à la fois notre système agricole et notre capacité à nourrir par nous-même notre propre peuple. Quand je vois qu’avec tout ce que cela on augmenterait nos importations avec des produits de moins bonne qualité, les bras m’en tombent » réplique le ministre, rassurant les agriculteurs en général, et vignerons en particulier, concernant les réformes des ZNT et de HVE (voir encadré).
Alors que la France vient de prendre ce premier janvier la présidence du Conseil de l’Union Européenne, le ministre compte profiter de cette occasion pour aborder le sujet des phytos au niveau communautaire. « D’abord en faisant en sorte que la question des pesticides ne soit pas une question de concurrence déloyale au sein du marché commun » pointe Julien Denormandie, souhaitant que tous les États Membres appliquent bien les normes européennes en la matière. Le ministre souhaite ensuite tirer parti de la révision de la directive européenne SUD (pour "Sustainable Use of Pesticides", soit un usage soutenable des phytos), « pour revoir Limites Maximum de Résidus (LMR) des produits rentrant sur le marché européen » avec l’objectif de LMR renforcés pour les matières actives interdites au niveau européen : « c’est une forme de clauses miroirs que nous mettrions en place ».
« Nous avons le même état d’esprit pour la mise en œuvre du plan pollinisateur (et de l’arrêté associé) et pour stabiliser le cadre des Zones de Non-Traitement (ZNT) » indique Julien Denormandie, précisant que « concrètement, sur les ZNT, nous faisons confiance à l’intelligence des territoires, en renvoyant sur les chartes locales, notamment sur les moyens de prévenance, qui est un sujet très important. Nous faisons également confiance en la science s’agissant des distances, en renvoyant à l’ANSES les analyses individuelles des différentes molécules. »
Rappelant que « sur ces trois dernières années nous avons multiplié par 20 le nombre d’exploitations ayant recours au label Haute Valeur Environnementale (HVE) », Julien Denormandie souligne que « cette transition agroécologique est une réalité sur le terrain. Nous devons mettre en avant ces résultats. » Mais également rénover cette démarche : « on sait qu’il y a des améliorations à faire à ce label HVE. […] Ce label doit être finalisé dans sa revue pour être opérationnel au premier janvier 2023, un des moyens pour atteindre l’écorégime de la Politique Agricole Commune (PAC 2023-2027). » Prévoyant de boucler durant ce premier semestre 2022 la réforme de la HVE, le ministre note qu’« il y a plusieurs pistes : on sait très bien qu’il y a un vrai sujet sur la voie B de HVE, il faut la faire évoluer. On sait qu’il un certain nombre d’externalités positives qui ne sont pas prises en compte comme le carbone : peut-on le prendre en compte dans HVE ? »




