’il est un cépage ancien dans le vignoble français, c’est bien le gouais (en témoignent ses synonymes, voir encadré). Pouvant prétendre au titre de vigne de nos ancêtres les gallo-romains dans les vignobles du Sud-Ouest et du Nord-Est, cette variété de raisins blancs rejoint le catalogue officiel des espèces et variétés de plantes cultivées en France (plants de vigne) grâce à un arrêté du 11 novembre. Portée par le Centre d'ampélographie alpine Pierre Galet, cette inscription s’inscrit dans une démarche patrimoniale indique Taran Limousin, ingénieur à l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV, pôle Bourgogne, Beaujolais, Jura et Savoie). « Le gouais est l’un des plus anciens cépages français » indique l’expert, qui souligne que, d’après des recherches génétiques publiés par l’ampélographe Thierry Lacombe, le gouais a un lien de parenté avec 116 cépages connus, « dont 62 qui sont avec certitude ses descendants directs : chardonnay, gamay, aligoté, melon… »
Des enfants célèbres qui accentuent l’aspect patrimonial du gouais. « Sa descendance nombreuse, avec le pinot noir (chardonnay, gamay, aligoté…), le savagnin et d’autres cépages inconnus en font un géniteur important en France et Europe » indique Jean-Michel Boursiquot, professeur honoraire Montpellier SupAgro. Rappelant que le gouais serait originaire d’Europe Centrale, l’ampélographe note qu’en termes d’intérêts culturaux et œnologiques, le gouais pâtit d’un manque de parcelles suffisamment importantes pour permettre des essais conséquents.


Les microvinifications réalisées témoignent de « vins blancs très nerveux et vifs, avec des degrés moyens. Le gouais est productif et vigoureux, avec un port dressé » ajoute Jean-Michel Boursiquot. « C’est un cépage assez rustique, résistant au froid et débourrant assez tard » ajoute Taran Limousin, confirmant la forte acidité des vins microvinifiés : « quand on le déguste, on se souvient de sa vivacité ».
« Ce cépage blanc a été très largement répandu autrefois dans de nombreux vignobles français, comme le prouve l’abondante synonymie, notamment dans la région parisienne (goix…), la Champagne (lombard blanc), la Lorraine (got, gau…), la Franche-Comté, le Jura (gueuche, enfariné blanc…), le Centre-Ouest (gouge, moreaux blanc, roux…) et le Sud-Ouest (bouillan, figuier, mendic…) » indique le défunt Pierre Galet dans son Dictionnaire encyclopédique des cépages. Qui note que « ce nom de Gouet aurait une signification péjorative, tiré de l’adjectif Gou, terme de mépris désignant des vignes médiocres ».