Les conditions météorologiques relativement fraîches pendant le cycle végétatif ont retardé les vendanges d’environ deux semaines dans la plupart des régions viticoles. La récolte a débuté avec le chardonnay, le pinotage, le chenin blanc et le sauvignon blanc pour enchaîner avec le merlot, le cinsault, le colombard, le shiraz, le cabernet-sauvignon et le ruby cabernet. Selon les dernières estimations, les volumes devraient être légèrement supérieurs à ceux de 2020 (10,4 Mhl), mais inférieurs à la moyenne des quinze dernières années (1,37 million de tonnes). Selon les experts viticoles de l’organisme professionnel Vinpro, cependant, la qualité serait d’un très bon niveau, les températures fraîches ayant favorisé de belles couleurs et des arômes exceptionnels. Cette qualité prometteuse se conjugue à la levée totale au 1er mars de la troisième interdiction de vendre de l’alcool sur le plan national, qui fait suite à une levée partielle au 1er février. Il n’en reste pas moins que Vinpro poursuit son action en justice à l’encontre de l’Etat, l’audience étant prévue fin avril. L’objectif est de contraindre le gouvernement à prendre des décisions plus ciblées, province par province, et non plus de mettre en œuvre des interdictions globales.
La fin des restrictions permettra aux producteurs d’écouler une partie des stocks qui se sont accumulés pendant les vingt semaines d’interdiction de vendre depuis le mois de mars 2020, et l’interdiction d’exporter pendant cinq semaines. Les caves sud-africaines totalisent actuellement quelque 645 millions de litres de stocks de vins, dont 300 millions ne sont pas encore sous contrat. Si la reprise de la commercialisation devrait générer de la trésorerie, l’annonce gouvernementale d’une augmentation du salaire minimum, du prix de l’électricité et des droits d’accises (+16%, +15% et +8% respectivement) ne permettra pas de revaloriser le revenu des producteurs. D’après Vinpro, même avant ces augmentations, le revenu net par bouteille de vin à la production ne dépassait pas 0,77 Rand (soit environ 4 ct d’euro). A l’hectare, le revenu net moyen était estimé en 2020 à quelque 770 euros (-32%/2019), soit moins de la moitié de ce qui est considéré comme étant viable économiquement. « Ces dernières années, le gouvernement a gagné davantage en droits d’accise et en TVA que les producteurs eux-mêmes », déplore l’organisation. Résultat : la superficie du vignoble ne cesse de régresser. Seul grand point positif : les exportations étaient stables en 2020, malgré l’interdiction d’exporter conjuguée à de grosses difficultés logistiques, et la valeur des exportations a progressé de 7,7%, s’élevant à environ 502 millions d’euros pour 319,2 millions de litres exportés.