En toute fin d’année, le président sud-africain Cyril Ramaphosa annonçait le retour au niveau 3 des restrictions liées à la crise sanitaire, impliquant l’interdiction de vendre des boissons alcooliques au niveau national jusqu’au 15 janvier 2021. La mesure concerne la consommation sur place et à emporter et provoque une grande émotion au sein de la filière vitivinicole qui craint des « conséquences désastreuses » pour l’ensemble des entreprises liées aux vins.
D’après l’organisme professionnel Vinpro, les deux interdictions précédentes ont entraîné une perte de plus de 7,5 milliards de Rands (soit 406 M€) en chiffre d’affaires, avec un impact considérable sur l’emploi, l’oenotourisme et l’activité des caves. Par conséquent, il est estimé que le volume de vins sans contrat de vente dépasse désormais 2,5 millions d'hectolitres. Les vendanges devant débuter d’ici une quinzaine de jours, l’inquiétude au sein de la filière est à son comble, d’autant que le pays est en pleine saison touristique. Montrant du doigt la progression du commerce illicite en période d’interdiction de vente, Vinpro en appelle au gouvernement d’appliquer la loi et regrette que ses propositions, qui auraient permis d’éviter une interdiction globale, n’aient pas été suivies d’effet. En revanche, l’organisation se félicite du fait que le transport et l’exportation de vin restent autorisés, de même que les opérations de stockage.
Il reste à savoir si la filière sud-africaine devra vendanger en période de confinement comme l’an dernier. Ce qui est certain, c’est qu’actuellement la récolte se présente sous les meilleurs auspices. Le niveau d’eau dans les barrages est sensiblement plus élevé que les années précédentes grâce à de bonnes précipitations en 2020. Les températures plutôt basses et l’hygrométrie au printemps ont provoqué quelques problèmes de maladies et ont retardé le développement de la végétation, mais ce retard a pu être comblé par la suite. « À ce stade précoce, la vigueur des vignes, la taille des grappes et leur nombre semblent prometteurs », a déclaré Conrad Schutte, responsable des services techniques de Vinpro lors du premier bilan de Vinpro en décembre.
« Si les conditions climatiques restent favorables et si les producteurs ont la capacité d'appliquer les pratiques culturales en temps et en heure, la filière devrait connaître une meilleure récolte en 2021 qu'en 2020, à l'exception des régions de l’Orange River et de la côte sud du Cap qui ont subi respectivement des gelées et une mauvaise floraison et nouaison ». D’après les premières estimations de Vinpro, la récolte sud-africaine en 2021 pourrait se rapprocher de celle de 2020, soit aux alentours de 1,3 million de tonnes, voire légèrement plus, tout en restant inférieure à la moyenne décennale. Même si les exportations jusqu’en décembre 2020 étaient stables par rapport à celles de 2019, bon nombre de viticulteurs ont souscrit des contrats auprès de producteurs de moûts concentrés afin de limiter les volumes de vins arrivant sur le marché.