Le cuvier aménagé dans les années 2000 par le groupe Axa nous ne nous permet pas de faire des assemblages aussi précis que nous le souhaiterions, pose le nouveau propriétaire de Cantenac Brown, troisième grand cru classé de Margaux. Et le chai à barriques est trop petit pour travailler de façon optimale. »
Il n’aura pas fallu longtemps à l’ingénieur Tristan Le Lous, ayant pris les rênes du Château fin 2019 pour décider d’entreprendre de grands travaux. « Nous déposons un permis de construire dans 10 jours pour lancer les travaux d’ici 3 mois. L’objectif est de vinifier le millésime 2023 dans nos nouveaux chais. »
Tristan Le Lous a fait appel à l’architecte Philippe Madec pour imaginer un chai entièrement éco-responsable, composé à 100% de terre crue et de bois massif brut d’Aquitaine. « C’est une première dans le monde viticole, et même dans le monde de l’architecture. Il n’existe pas de bâtiments construits sans aucun ciment aujourd’hui et peu d’entreprises savent le faire » assure le propriétaire.
Les murs du chai seront montés selon la technique du pisé. « Nous allons nous fournir en terre à proximité du château, dans un objectif zéro carbone. Des ouvriers vont la piler sur place, avec des outils en bois de manière totalement ancestrale. »


Une voûte en terre compressée supportera la charpente en bois. « Ce sera la seule au monde à être porteuse » se réjouit d’avance Tristan Le Lous. L’inertie thermique de la terre et des puits canadiens permettront une régulation de la température sans climatisation électrique.
Si le propriétaire reconnaît rechercher un effet « waouh », lorsque les visiteurs entreront dans le chai, il souhaite en revanche que les nouveaux bâtiments soient totalement fondus dans l’enceinte actuelle du Château. « Nous n’allons rien détruire, il n’y aura aucun gravas. Le cuvier et le nouveau chai seront insérés dans les espaces vacants » détaille-t-il.


A partir de la vendange 2023, les cavistes n’auront plus besoin de pompes. « Les cuves et les barriques seront toutes situées au rez-de-chaussée, mais nous allons investir dans des cuvons ascenseurs pour travailler exclusivement par gravité » reprend Tristan Le Lous.
Bâtiments et équipements vinicoles compris, ce projet est évalué à 20 millions d’euros.