a Chambre d’agriculture de la Gironde commence à avoir sa petite idée sur la manière dont il faut vinifier les cépages résistants au mildiou et à l’oïdium. « Nous avons démarré les essais en 2016 avec les cépages monogéniques de la cave de Tutiac. En 2017, nous n’avons rien pu faire à cause du gel, mais 2018, 2019 et 2020 nous ont permis de bien avancer. Nous avons travaillé avec les cépages issus du programme Resdur1 de l'Inrae de la Grande Ferrade, avec les vignobles Ducourt à Ladaux, le Château Grinou à Monestier, les vignerons de Berticot à Duras, le Domaine de Grange Neuve à Pomport, les vignobles Gonfrier à Lestiac-sur-Garonne, le Château Monplaisir à Marcellus, le domaine de Lavauguyot à Marigny-Brizay et la cave coopérative de l'île d'Oléron » liste Maud-Isabeau Furet.
Pour 2021, la Chambre et ses nouveaux partenaires ont vu les choses en grand. « Nous espérons un financement de la région et de l’interprofession à partir de mars 2021 pour lancer le projet "Optivinif résistants", le pendant régional œnologique de l’observatoire des cépages résistants Oscar » se réjouit d’avance l'expérimentatrice en oenologie.


Avec l’aide de l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV), de l’Institut National de Recherche en Agriculture, Alimentation et Environnement (Inrae), de l’Institut Supérieur de la Vigne et du Vin de Bordeaux (ISVV), des Vignerons bio de Nouvelle-Aquitaine, de la Chambre d’agriculture de Dordogne et d’Agrobio Périgord, Maud-Isabeau Furet veut répondre à toutes les questions qui se posent encore sur le volet œnologique des cépages résistants.
Lors des trois prochaines vendanges, les techniciens vont récolter des raisins et récupérer des moûts issus de cépages monogéniques et polygéniques. Le muscaris, le sauvignac, le souvignier gris, le floreal, le voltis, l’artaban, le vidoc, le monarch et des raisins du programme Resdur2 de l’Inrae feront partie des variétés vinifiées dans le chai expérimental du Vinopôle de Blanquefort.
« Nous testerons différentes dates de récolte, levures ou températures de fermentation » illustre Maud-Isabeau Furet. Les blancs seront vinifiés en secs, en moelleux, ou en liquoreux. Des essais en rosé et clairet sont prévus pour les rouges.
Les partenaires se rendront aussi dans les chais des domaines qui travaillent avec les cépages résistants pour suivre les vinifications à grande échelle. Ils prélèveront les jus et les vins pour les déguster et les faire finement analyser dans le laboratoire de l’ISVV.
« Nous verrons quels cépages correspondent au profil bordelais, et quels cépages, plus atypiques, peuvent répondre à la demande d’autres marchés » poursuit l'oenologue, ajoutant que ce projet pourrait en plus être l’occasion de travailler sur les vieux cépages nouvellement replantés dans le vignoble.
La diffusion des résultats de ces essais à la fin du projet devrait donner de bons repères aux vignerons.