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« Après cette période troublée, les gens vont avoir besoin de nature, de bien-être, de convivialité »
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Pierre Gattaz.
« Après cette période troublée, les gens vont avoir besoin de nature, de bien-être, de convivialité »

L’ancien président du Medef aujourd’hui vigneron a livré à Vitisphère son point de vue sur les conditions de la reprise pour le secteur viticole. Entretien.
Par Chantal Sarrazin Le 18 juin 2020
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« Après cette période troublée, les gens vont avoir besoin de nature, de bien-être, de convivialité »
Pierre Gattaz : 'Les Français ont été parmi les plus confinés d’Europe. Il faut maintenant accélérer le mouvement inverse' - crédit photo : DR
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ous êtes devenu vigneron en 2018 avec le rachat du château de Sannes dans le Luberon, quelles ont été les conséquences de l’épidémie de Covid-19 sur votre activité ?

 

Pierre Gattaz : La crise nous a touchés comme la majorité des autres exploitations viticoles d’autant que nous n’avons que deux ans et demi d’existence. Nous n’avons pas les mêmes atouts que les entreprises connues peuvent avoir. Beaucoup de nos débouchés se sont retrouvés à l’arrêt. Cela été compliqué. Le confinement a en outre contrecarré tous nos projets, l’ouverture de caveau de vente au mois de mars a dû être reportée. De même que l’inauguration du notre de chai de vinification. Même chose pour les travaux de rénovation de la bâtisse principale. Bref, nous avons perdu de précieux mois que nous devons aujourd’hui rattraper.

 

Dans ce contexte, quel est votre état d’esprit ?

Je garde le moral. Nous avons un combat à mener individuellement, mais, aussi, de manière collective. Cela passe par des échanges, de la mise en réseau, des rapprochements commerciaux… pour conquérir les marchés en France et à l’export. La viticulture française est par ailleurs un secteur d’excellence. Dans un verre de vin, il y a tous nos paysages qui défilent et un savoir-faire unique propre à notre pays. Notre filière doit porter ce message auprès du gouvernement français et de l’Europe pour que ces instances l’accompagnent dans ce combat.

 

Par quoi passe le retour à la croissance ?

Le secteur viticole dépend d’autres secteurs, le tourisme, les restaurants, les bars… qui ont payé un lourd tribu à cette crise. Les Français ont été parmi les plus confinés d’Europe. Il faut maintenant accélérer le mouvement inverse. La réouverture des établissements de restauration parisiens annoncé par Emmanuel Macron, dimanche dernier, est à cet égard une très bonne nouvelle. Il existe toujours des solutions intermédiaires. Dans nos entreprises, nous gérons en permanence des paradoxes. Ainsi, nos usines* ont pu tourner à 80 % durant la période de confinement grâce à la mise en place de mesures sanitaires.

 

Comment voyez-vous l’avenir du secteur ?

Il passe forcément par la reprise des débouchés que sont le tourisme et la restauration. Si les touristes reviennent, l’activité pourra repartir très rapidement. Rappelons que dans un avion, l’air se recycle toutes les 3  minutes ! Après cette période troublée, les gens vont avoir besoin de nature, de bien-être, de convivialité. Au château de Sannes, nous avons allons concevoir des activités, balades, parcours, cours de yoga… pour répondre à ces attentes. Nous sommes en outre en conversion au bio. Toutes les démarches qui vont protéger la planète, la biodiversité… doivent être mises en avant par les vignerons.

 

Pour retrouver la compétitivité, vous parler des 3 « C » de quoi s’agit-il ?

Ce sont la croissance, la confiance et la compétence. La croissance dépend le retour de nos débouchés. La confiance nous l’avons déjà. En effet, je pense que les consommateurs ont déjà confiance dans nos produits. La compétence, enfin, passe par la transmission et la formation. Sur ce point, je me félicite que le gouvernement ait réhabilité l’apprentissage. Dans les mois à venir, nous allons d’ailleurs recruter deux apprentis sur l’exploitation.

 

Quid des aides pour accompagner le secteur à passer ce cap ?

Elles vont être importantes pour passer ce gros orage. L’État, les collectivités se mobilisent. Les banques doivent également participer à cet effort. Il est cependant impératif parviennent rapidement aux PME et soient faciles à mobiliser.

 

* Pierre Gattaz est président du directoire du groupe Radiall, spécialisé dans les composants électronique d’interconnexion.

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Tous les commentaires (2)
pg Le 20 juin 2020 à 08:36:15
L' AOC cote du Luberon a beaucoup de chance de compter parmi ces producteurs , un homme d'une telle expérience. J' ose espérer qu'il ait été sollicité pour devenir membre du syndicat des producteurs...
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MG Le 18 juin 2020 à 08:59:34
Très belle phrase que celle-ci : "Dans un verre de vin, il y a tous nos paysages qui défilent"
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