es deux fonds d’une barrique représentent 25% de sa surface de contact avec le vin. Exception faite du chêne américain, amer et très tannique, ces fonds ne sont pas chauffés. « Ils apportent des notes de sous-bois qui masquent le fruité des vins et les arômes issus de la chauffe de la barrique » rapporte Fabrice Eygreteau.
Le co-gérant de la société narbonnaise Jabb a trouvé la parade. Il propose aux vignerons de remplacer leurs fonds de barrique en chêne par des fonds en polyéthylène.
« En sortie d’élevage, les vins ressortent plus ouverts, avec un fruité franc. » Les fonds en polyéthylène ont aussi l’avantage de laisser passer l’oxygène, arrondissant les vins, « quand les grains du bois sont très vite obstrués par le vin dans une barrique, l’oxygène ne pouvant plus passer que par le trou de bonde » détaille Fabrice Eygreteau. Quand ils achètent des fonds Jaab, les vignerons peuvent choisir entre deux niveaux de perméabilité à l’oxygène.


A Pomerol, le Château Le Bon Pasteur a tapé fort dès 2018, en équipant une barrique des deux fonds Jaab les plus perméables. « Après 18 mois d’élevage, le vin est ressorti un peu trop ouvert. Cette modalité conviendrait mieux aux vignerons qui pratiquent des élevages plus courts » témoigne Benoît Prévot, le directeur.
Convaincu par l’intérêt de ces fonds, il a affiné ses essais l’an passé, en travaillant sur 4 modalités, deux merlot et deux cabernet. Il a logé ses vins dans deux barriques, l’une équipée d’un seul fond Jaab, de porosité plus faible que celle retenue en 2018, l’autre de deux fonds. « Sur le merlot, qui était déjà friand, nous avons préféré la première modalité. En revanche, les deux fonds en polyéthylène ont bien profité au cabernet qui était un peu fermé. » Le Château Pasteur continue les essais cette année.
« C’est un outil supplémentaire, qui va nous permettre de moduler nos assemblages, et qui répond à l’appétence actuelle des consommateurs pour des vins fruités à boire plus jeunes. Aujourd’hui, le côté furfural n’est plus recherché. Il faut se servir de la barrique mais il ne faut pas la sentir » conclut Benoît Prévot.
En France et dans le monde, 540 barriques sont équipées de fonds Jabb. Pour faire décoller son entreprise, Fabrice Eygreteau aimerait travailler de manière plus étroite avec les tonneliers. « La plupart acceptent de monter nos fonds lorsqu’on leur demande, mais j’aimerais qu’ils ajoutent ces fonds à leur catalogue. Ce serait une option supplémentaire offerte à leurs clients, comme le choix de la chauffe » explique-t-il. Comme les fonds Jabb allongent la durée de vie des barriques, l’affaire n’est pas aisée.


Fabrice Eygreteau a d’autres idées pour gagner en visibilité. « J’ai de très bons résultats d’essais sur cognac, rhum et whisky. Les fonds en polyéthylène assouplissent les eaux-de-vie. On a moins ce coup de chaud désagréable » détaille-t-il.
Bientôt, il aimerait aussi remplacer le polyéthylène par biopolymère issu de canne à sucre, et, à l'idéal, par un composite issu de résidus de tonnellerie, comme les copeaux. « Nous serions alors le « Diam » de la barrique », lance-t-il. Reste à trouver la tonnellerie.