omment expliquer recrudescence du nombre d’échantillons de vins nature ajournés par Qualisud? Deux éléments sont . Tout d’abord, trois vagues de « conversions » aux vins nature avant 2000, dans les années 2000 et 2010 font qu’ aujourd’hui une petite trentaine de domaines vinifient entre 60 et 100 % de leurs raisins sans ajout. Ils revendiquent la commercialisation de 1,3 à 1,5 million de bouteilles par an. Ensuite l’augmentation de la pression de contrôle prévue par la réforme de l’agrément entrée en vigueur en 2007 a conduit à ce que de plus en plus d’échantillons soient jugés non conformes. « Ils représentent peu en proportion mais leur nombre a tendance à augmenter. Le modèle actuel n’est pas vraiment adapté aux vins nature » constate Julien Albertus, membre du bureau de l’Association des vins libres d’Alsace, créée en juillet 2019. Il défend une adaptation des dégustations « comme l’appellation l’a fait en faisant la différence entre les crémants ayant fait et n’ayant pas fait la malo. C’est une piste. Le profil d’agrément défini collectivement doit évoluer. Nous sommes ouverts à la discussion. L’Alsace peut être précurseur » dit-il.
« La procédure de contrôle fait que l’étau se resserre sur quelques domaines » concède Jérôme Bauer, président de l’Association des viticulteurs d’Alsace. Le conseil d’administration de l’Ava s’est penché sur la question pour d’abord répéter que « l’AOC Alsace était un gage de qualité et de typicité » et qu’on « ne pouvait pas y ranger tout et n’importe sous peine de créer de la confusion pour le consommateur ». Jérôme Bauer poursuit : « quand des vins présentent un goût de souris, de graisse ou trop de volatil, cela pose un problème. Dans un souci d’équité, le cadre de la dégustation doit être le même pour tout le monde ». Pour l’Ava, il appartient à l’Inao de clarifier le débat.
En attendant, une large majorité du conseil d’administration de l’Ava considère qu’un vin à défaut rédhibitoire ne mérite pas l’appellation. En pratique, certains producteurs de vins libres écoulent leurs pétillants comme certaines cuvées tranquilles en tant que vins de France. « Ils se vendent souvent à des tarifs élevés alors qu’ils ne revendiquent pas l’appellation Alsace. Il est dommage que le vignoble régional n’en profite pas » fait remarquer Julien Albertus.