es professionnels du vin bordelais étaient nombreux ce 19 décembre dans les locaux de l’ISVV. Fournisseurs, distributeurs, oenologues-conseil, maitres de chai, vignerons bordelais ont tous occupé un amphi comble. « L’objectif est de restituer les études qui ont, selon nous, le plus d’intérêt pour vous » introduit Philippe Darriet, directeur de l’unité œnologie de l’ISVV. Les études en question sont une synthèse du dernier congrès Oeno-Ivas, rendez-vous international des chercheurs viti-oeno.
Tristan Richard, chercheur et directeur adjoint de la section œnologie, est l’homme qui identifie les vins. Par la technique RMN (Résonnance Magnétique Nucléaire) il lui suffit de 20 minutes et de 0,5 mL de vin pour indiquer le vignoble français de son échantillon, la région viticole, la zone géographique au sein de la région, et parfois le château. Cette identification des propriétés reste cependant plus aisée en Médoc. « Il y a davantage de superposition pour les vins de la rive droite » commente Tristan Richard.
« Plus nous aurons de données et plus nous pourrons mieux identifier les vins. Beaucoup de paramètres sont comparés comme le TAV, les sucres, acides organiques, composés volatils, éléments minéraux et rapports isotopiques » explique le chercheur.
Concernant l’identification des millésimes, les résultats sont contrastés. « Nous pouvons distinguer les millésimes supérieurs à 2000 mais pour l’instant pas les plus anciens » précise le chercheur. Cette volonté d’authentification s’inscrit dans le programme VRAI, Vin Recherche Authenticité Identité, financée par de nombreux acteurs de la filière et notamment la région Nouvelle-Aquitaine.


Pour la filière, cette authentification concerne seulement une partie minime des vins produits. « Pourrait-on identifier au sein d’une propriété un vin issu d’une parcelle spécifique ? Pour démontrer scientifiquement que les cuvées parcellaires sont réellement différentes. » demande un œnologue du public. « Pourriez-vous distinguer aussi des parcelles avec des pratiques viticoles différentes ? ». Des interrogations davantage appliqués à la viticulture et à l’identification parcellaire que le chercheur a bien entendu.
Une étude de consommateurs, réalisée par Anne Hubert à l’ISVV, sur les vins liquoreux présente le fort pouvoir des appellations. Dégustés à l’aveugle par un panel de 110 personnes, le jury a demandé le consentement à payer (CAP) pour chaque bouteille dégustée et délivre information par information en observant ce consentement qui oscille. Au programme, deux Loupiacs et deux Sauternes. A l’aveugle et sans informations, le numéro 1 est un Loupiac avec un CAP de 35 €. Il est suivi par un Sauternes, 31 €, puis un Loupiac 28 € et enfin le dernier vin, un Sauternes à 24 €. Après avoir indiqué le taux de sucres et les calories, le consentement oscille très peu. Ces deux paramètres ont donc un faible impact sur le consommateur. Mais une fois l’AOC révélée, le classement change. Le premier Loupiac descend à la seconde place et le dernier Sauternes remonte à la troisième place. « C’est intéressant pour nous puisqu’on pourrait orienter le profil des vins avec ces paramètres » commente un membre du public. « Les études consommateurs coûtent très chers et c’est à l’instant t. Le consommateur ne va pas dire ce qu’il aime, il va juste dire ce qu’il n’aime pas. C’est aussi à nous d’imposer un certain style de vins » réagit une autre personne de la salle. Des débats que le CIVB propose d’évoquer lors d’une réunion avec la filière au 1er semestre 2020.