En 2015, on pensait que ça allait s’arrêter. Mais non, ça continue, la couleur des vins rosés est toujours plus claire » rapporte Nathalie Pouzalgues, chercheuse au Centre du Rosé, lors d’une conférence, ce 26 novembre, au salon Sitevi (parc des expositions de Montpellier). Analysant depuis quinze ans le millier d’échantillons présentés annuellement au concours Mondial du Rosé de l’Union des Œnologues de France, le Centre du Rosé peut suivre de 2004 à 2018 l’évolution des principales caractéristiques des vins rosés dans le monde.
Si le degré d’alcool et le pH sont stables en moyenne (12,8°.alc et pH = 3,4 depuis 2004), les concentrations de sucres résiduels ne cessent de diminuer (de 4,4 g/l de sucre en 2012 à 3,7 g/l en 2018), comme l’intensité colorante (passée de 0,8 à 0,3 en quinze ans). Pour les seuls rosés de Provence, cette somme des absorbances pour les couleurs rouge, bleues et vertes est passée de 0,41 à 0,16 de 2014 à 2018.
« Nous supposons que les autres vignobles ont la volonté de se rapprocher du profil des rosés de Provence » souligne Nathalie Pouzalgues. Soit « un style provençal créé il y a vingt ans : sec, frais, aromatique et d’une couleur légère » résume Brice Eymard, le directeur du Conseil Interprofessionnel des vins de Provence. Alors qu’est posé l’enjeu de l’appauvrissement sensoriel des rosés avec cette clarification, Gilles Masson, le directeur du Centre du Rosé, se veut optimiste en rappelant de « l’époque où les rosés s’éclaircissaient et où l’on craignait la perte de goûts et d’arômes. Alors qu’au final, on a eu de l’élégance et de l’harmonie. On peut faire des vins clairs et expressifs. »


Mais au-delà de la demande commerciale pour des vins les plus clairs possibles, Gilles Masson souligne que « le rosé doit rester rose. Si le rosé devient plus blanc que blanc, on lui retire son petit éclat qui déclenche le rêve. On me demande parfois si le vin gris est un rosé. Il n’y a pas de définition du rosé, mais il est sûr que le gris n’a pas un nom qui fait rêver. »