« Le rosé français et particulièrement de Provence a son style : c’est un vin frais, fin et parfumé » introduit Gilles Masson, directeur du Centre du Rosé à Vidauban, lors des rencontres internationales du rosé le 22 Janvier dernier. « Dû au changement climatique, ce style risque d’évoluer et de ressembler davantage aux rosés argentins ou espagnols actuels ». D’un point de vue régional, chaque région française productrice de rosé verrait ses vins évoluer. « Le Languedoc Roussillon devrait produire des rosés similaires à la Provence, tout comme le Val de Loire à Bordeaux ».
« Deux scénarios sont possibles : on ne change rien ou on s’adapte ». Noir ou blanc. Mais même le blanc semble un peu gris. « Le rosé a un caractère énergivore très important. Il lui faut beaucoup de froid » constate le directeur « Le rendement risque de baisser, avec un marché en demande croissante toujours plus exigeant ». Sur ce point, Gilles Masson constate qu’aucune action pourrait être un problème à court terme. « Avec une diminution de l’acidité et une augmentation de l’alcool, le rosé ne va plus paraitre comme frais. La buvabilité en patira ».
Une modification des lieux de production n’est pas envisageable. « C’est hors de question, ce serait trop douloureux et non acceptable » exprime le directeur. Le décalage de la date de récolte pourrait être une piste mais « C’est une technique qui engendre des pertes qualitatives » justifie Gilles Masson. A court terme, l’adaptation de la vinification semble être l’axe le plus sûr. « La désalcoolisation, le désucrage ou l’acidification sont des techniques efficaces mais onéreuses » détaille le directeur. En désalcoolisation, jusqu’à moins deux degrés alcooliques, le profil gustatif est conservé. Le désucrage permet également des fermentations plus rapides avec une perte d’alcool. L’acidification remonte la qualité générale du vin témoin. « Le vigneron s’était déjà adapté et réalise l’acidification depuis quelques années » précise Gilles Masson.


Dans ce même scénario mais à plus long terme, le directeur du Centre du Rosé évoque l’encépagement. « Cela prend du temps d’étudier tous ces cépages d’hier, d’ailleurs et de demain ». Le mode de conduite va également être crucial. « Il faut inventer un système cultural dédié au vin rosé. Repenser l’enracinement, la fertilisation et la gestion de la canopée » conclut le directeur « Ces sujets nous animent et nous oeuvrons du mieux que nous pouvons pour continuer à avancer ».