uelle stratégie adopter dans la perspective du changement climatique pour assurer la pérennité du vignoble de l’appellation Languedoc ? Tel était le thème d’un séminaire organisé à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) par le syndicat de l’AOC Languedoc, présidé par Jean-Benoît Cavalier. L’objectif était d’engager la réflexion sur le sujet, de mettre en place des axes de travail, d’évoquer des pistes qui pourraient être envisagées avant de définir des actions concrètes.
Comme une majorité de la population, les vignerons de l’AOC Languedoc constatent la réalité du changement climatique : tous les stades de développement sont plus précoces ; du fait de l’avancée de la véraison et de l’augmentation de la température moyenne, la maturation se déroule dans des conditions de en plus chaudes ; la date des vendanges a avancé ; la teneur en alcool potentiel a augmenté et l’acidité a baissé.
Pour les chercheurs de l’INRA, la situation actuelle va se poursuivre. Au cours des années qui viennent, il va donc falloir s’adapter aux nouvelles conditions climatiques en combinant les leviers techniques, organisationnels et géographiques comme le changement de matériel végétal (porte-greffe et cépages plus résistants à la sécheresse, aux maladies et aux températures élevées…), la réorganisation des plantations dans l’espace (relocaliser les cépages, selon la nature des sols, la pente, l’exposition des parcelles ; revoir les frontières des aires d’appellation ; expérimenter de nouveaux vignobles… ) ; la modification des pratiques viticoles (amendements organiques, paillage, meilleure gestion du sol, révision des modes de conduite pour gagner en fraîcheur et mieux résister à la sécheresse… ) ; la révision des institutions (adapter les cahiers des charges des appellations, développer de nouveaux outils de gestion du risque… ) ; l’ajustement des processus œnologiques (corriger les effets du changement climatique en adaptant les itinéraires techniques de vinification… ) ; l’association des consommateurs (connaître les perceptions de l’évolution des qualités des vins, partager les enjeux de l’adaptation et de la réduction des émissions de C02…).
Des pistes de réflexion qui ont été débattues pendant deux jours lors de ce séminaire. « Il va falloir changer nos méthodes de travail et d’organisation » souligne Jean-Benoît Cavalier qui poursuit « notre capacité d’adaptation doit être rapide. Il faut favoriser les pratiques innovantes en accompagnant les vignerons, mettre en réseau et en synergie les expériences de chacun en confrontant nos expériences, collaborer avec les chercheurs ». Au sein de l’AOC Languedoc, Bruno Loquet, chargé de projets, est le référent pour coordonner et recueillir les idées des vignerons qui souhaitent s’impliquer pour participer à ce travail et anticiper cette nouvelle ère qui s’annonce pour la viticulture languedocienne.