E
n "Grande Bourgogne", les viticulteurs producteurs de raisins destinés à l'élaboration du Crémant de Bourgogne s'apprêtent à lancer le coup d'envoi des vendanges; les premiers coups de sécateurs devraient être donnés dès ce week-end, dans le sud, en Beaujolais, sur cépages Gamay et Chardonnay. Les maturités optimales sont en effet quasiment atteintes, grâce aux fortes températures enregistrées ces dernières semaines, permettant une évolution « rapide » des degrés d'alcool et d'acidité.
Le secteur du Mâconnais, plus au nord, devrait suivre, aux alentours du 12-15 septembre, sur Pinot noir, puis sur Chardonnay, vers le 18-20 septembre. Encore plus au nord, en Côte d'Or et dans l'Auxerrois, les vendanges pour le Crémant devraient démarrer autour du 20 septembre. Mais dans ces secteurs, très impactés par le gel et/ou la grêle, le choix de la date va s'avérer complexe, dans la mesure où les niveaux de maturités sont très hétérogènes, selon si les parcelles et les pieds ont été touchés ou non. « Ceux qui en ont la possibilité vendangeront peut-être en deux temps », précise Pierre du Couëdic, directeur de l'UPEC Bourgogne.
Une baisse des surfaces en production pour 2016
D'un point de vue volume, la baisse de récolte 2016 pour le Crémant ne devrait finalement être de 30% environ, soit une production estimée à environ 110.000 hectolitres contre 152.000 hl l'an passé. Une estimation qui reste « compliquée » du fait de l'origine des raisins servant à la fabrication du Crémant: « Nous avons un territoire de 350 km de long, du nord au sud, et le Crémant est produit sur plus de 11000 parcelles, rappelle Pierre du Couëdic. Dans la moitié sud, en sud-Beaujolais et nord-Mâconnais, les vignes sont belles avec de jolies charges. Au nord, la récolte sera faible, notamment dans l'Auxerrois ».
Le volume global de récolte sera aussi amoindri du fait de la baisse des surfaces engagées cette année dans la production de Crémant. Avec la perspective des petits rendements, certains viticulteurs ont préféré renoncer à en produire au profit des vins tranquilles, plus rémunérateurs. A ce jour, ces surfaces « désengagées » représentent 400 hectares, soit le triple du chiffre habituel. Mais le directeur garde espoir que cette superficie soit revue à la baisse au moment des vendanges. Les viticulteurs ont en effet encore la possibilité de changer d'avis, jusqu'à la veille de la récolte, dans le cadre des « déclarations d'intention de production ». « Si au final nous ne perdons que 200 hectares, nous sauverons les meubles vis-à-vis d'un risque de rupture de stocks et de pertes de parts de marchés trop importantes », estime Pierre du Couëdic.
Pour anticiper un déficit de récolte 2016, l'ODG a par ailleurs demandé la possibilité à l'Inao, pour cette campagne, de constituer un volume de 12 hl/ha de mise en réserve interprofessionnelle, en plus du rendement autorisé.
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