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Christophe Forget : « en Cognac, nous pensons à des droits à produire pour remplacer les droits de plantation »
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Christophe Forget : « en Cognac, nous pensons à des droits à produire pour remplacer les droits de plantation »

Par Alexandre Abellan Le 18 juin 2012
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Christophe Forget : « en Cognac, nous pensons à des droits à produire pour remplacer les droits de plantation »
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réé le 8 novembre 2011, l'Union générale des viticulteurs pour l'AOC Cognac (UGVC) est issu de la fusion du Syndicat Général des Vignerons et du Syndicat des Viticulteurs de Bouilleurs de Crus. Le 11 juin 2012, le syndicat de producteurs tenait sa première assemblée générale à Cognac. Cette réunion s'es rapidement axée sur un débat sur les enjeux fonciers du vignoble de Cognac. Le président de l'UGVC, Christophe Forget, revient avec nous sur ce sujet, ainsi que sur les thèmes qui lui paraissent tout aussi essentiels : les stocks de cognac de la viticulture, le taux de renouvellement du vignoble et le système de conversion des Droits de Plantation en Droits de Production.

Après 6 mois d'existence, quel est votre bilan de l'UGVC ?

Christophe Forget : notre premier défi était de réunir toutes les composantes viticoles de l’Appellation Cognac autour d’une même table, du livreur de vin au vendeur direct. Nous pouvons déjà afficher de grandes réussites sur ce point. Nous avons en effet fondé une force de proposition viticole unique dans les Charentes. Auparavant il y avait 2 syndicats distincts, nous en avons fait une structure unique et très démocratique.

La structure collégiale de l'UGVC est notre atout principal. D’une part il y a des délégués issus des 5 crus de Cognac. Leur nombre varie pour chaque cru en fonction de son poids viticole, c’est à dire de sa superficie. Nous affichons un autre niveau de finesse : la prise en compte des spécificités de nos métiers viticoles en Cognac. Nous intégrons en collèges les livreurs de vin, les bouilleurs de cru en façon (qui ont recours à un prestataire de services), les bouilleurs de cru à domicile (qui possédent leur propre alambic) et les vendeurs directs.

En tant que syndicat de producteurs, nos rôles sont bien entendu d’être réactifs sur les dossiers de la viticulture de Cognac. Il s'agit également pour nous de relayer les inquiétudes autant que les réussites de notre viticulture. Nous possédons également un rôle politique auprès du Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC). Il faut d’ailleurs préciser que pour l'AOP Cognac, l’Organisme de Défense et de Gestion a la particularité d'être une section spécifique du BNIC.

Lors de la présentation du rapport moral de l'UGVC, vous vous êtes ému des volumes de cognacs que la viticulture a en stocks...

En effet, les stocks de cognacs détenus par la viticulture ne représentent aujourd’hui que 25 % du stock global. Il y a encore 15 ans, la viticulture disposait de 40 % de ces stocks. Suite aux importants besoins du négoce, les stocks ont fondu. Ils n’ont pas été reconstitués, la demande étant supérieure aux rendements. Il faut y ajouter un autre élément, l’obligation financière que les viticulteurs avaient de vendre l’intégralité de leur production annuelle auprès du négoce. Il n'y avait pas d'autre alternative pour couvrir les charges et espérer atteindre les seuils de rentabilité.

Avec cette diminution des stocks, il y a également une diminution du poids politique et économique de la viticulture du cognac. Les stocks présentent une plus-value majeure, le produit étant plus fini qu'un cognac de l'année. La demande des marchés en développement, notamment la Chine et l'Asie du Sud-Est est très orientée vers les eaux-de-vie âgées. Pour répondre à cette demande à forte valeur ajoutée tout en dégageant directement de la valeur pour le viticulteur, il est nécessaire pour ce dernier de mettre en place dès maintenant des stocks.

Vous vous réjouissez donc de l'augmentation des rendements que le BNIC a annoncé pour 2012 ?

A la fin mai, le BNIC a en effet fixé le rendement 2012 à 10,83 hectolitres d’Alcool Pur par hectare (NDLR : pour des besoins en Cognac estimés à 783 226 hl AP). Cela nous donne bien  la capacité de stocker. C’est même une opportunité afin de rééquilibrer la répartition des stocks entre négoce et viticulture. Cette décision est signe de bon augure, le négoce croit dans nos produits et témoigne aussi bien d'une demande soutenue que de marchés dynamiques. La viticulture a bénéficié d’une hausse des prix en 2011 et nous demandons une revalorisation identique en 2012.

Ce rendement de 10,83 hl AP/ha est le rendement autorisé, qui témoigne des capacités de commercialisation du cognac. Mais la réserve climatique a également été augmentée pour 2012 (NDLR : cette possibilité réserve est effective depuis 2008). Elle est dorénavant de 7 hl AP/ha en cumulé, pour 5 hl AP/ha auparavant. Ce système est très positif, il permet d’éviter la destruction de raisins et de lisser la production en cas de récolte déficitaire. Fonctionnant comme un outil tampon, il nous permet d’abonder les marchés. C’est également une assurance pour les rapports entre la viticulture et le négoce, afin d’assurer la récolte et de répondre aux perspectives commerciales.

Durant l'Assemblée Générale, le débat s'est rapidement orienté sur le foncier viticole. Quels sont les enjeux pour le Cognac ?

Actuellement le vignoble de Cognac connaît un développement économique très important (cliquer ici pour un rappel des records à l'export de 2011). De manière considérable, les prix du foncier sont à la hausse (augmentation de 75,5 % de la valeur moyenne d'un vignoble en Charente et Charente Maritime). D'un côté c'est la rançon du succès, mais de l'autre c’est surtout une gêne majeure à l’installation de jeunes viticulteurs.

A mon sens, le chiffre clé de notre présentation aura été celui concernant le taux de renouvellement du vignoble. En 2011, les opération d’arrachage afin de replanter de jeunes vignes ne représente que 2,2 % de nos surfaces. Alors qu’il faudrait avoir un taux de renouvellement de 3 % au moins. Comme je l’ai dit lors de l’Assemblée Générale : « notre priorité, comme une obsession, c’est l’augmentation des prix de nos eaux-de-vie pour permettre le renouvellement de nos vignes. ».

Il faut en effet vendre plus cher nos produits auprès du négoce, afin de pouvoir investir dans le renouvellement de notre outil de production. Plus les viticulteurs auront une capacité financière élevée, plus les vigneron ils seront incités au renouvellement. Il faut que les négociants nous envoient ce signe de confiance et d'implication dans la pérennité de notre vignoble.

Nous nous inquiétons également des effets du réchauffement climatique. En 2011, les vendanges pour les cognacs ont commencé avec 2 semaines d’avance par rapport à la moyenne des 20 dernières années. Or, notre premier souci qualitatif est l'obtention de fortes teneurs en acidité, avec des pH bas permis par des forts rendements. Comme nous ne sulfitons pas nos vins (conformément au décret d'appellation), l’acidité est notre seul rempart contre les altérations microbiennes avant la distillation. Un travail de longue haleine a donc été entamé pour obtenir un nouveau matériel végétal plus adaptés à ces nouvelles conditions.

Vous avez également exposé une alternative régionale à la libéralisation des Droits de Plantation : leur conversion en Droits de Production...

Nous avons en effet une réflexion régionale sur le sujet. Cognac ne souhaite pas de dérégulation, mais le spectre de la disparition des Droits de Plantation nous inquiète. La viticulture se souvient des plantations massives du début des années 1970. Au final, ces 30 000 hectares ont sacrifié une génération de viticulteurs et appauvri l’état sanitaire global du vignoble.

Cette réflexion spécifique à notre région ne nous dispense pas de nous ériger contre la libéralisation des Droits de Plantation après 2016-2018. Nous sommes solidaires avec les autres régions pour maintenir un système de régulation communautaire. Mais en plus de ce chapeau réglementaire commun, nous souhaitons la prise en compte de nos spécificités, avec un système plus souple économiquement. Le système que nous avons imaginé converti les Droits de Plantation en Droits à Produire. 20 droits de plantation deviennent simplement 20 droits à produire. Le principe de la conversion repose sur la photographie actuelle d’un domaine, d’en connaître le vignoble planté et les parcelles non plantées appartenant au porte-feuille du vigneron. le viticulteur ne pourra planter plus de vignes qu'il n'a de droits à produire. Un droit à produire équivaut à un hectare maximum de vigne plantée

Nous prenons également en compte la spécificité de la région : les hauts rendements. Ici, un viticulteur ne peut se contenter d’un rendement de 70 hL de vin par hectare, il doit viser les 120 hL/ha. Imaginons un vigneron possédant un domaine de 20 hectares, avec seulement 18 hectares de vignes plantées. Avec notre système, il possède 20 droits à produire, qu’il peut affecter à ses 18 hectares. Imaginons qu’il les affectera à du cognac, il augmente ainsi son rendement autorisé. Bien entendu ce système serait appliqué dans les limites des cahiers de charge de chaque appellation.

L’affectation d'un Droit à Produire peut changer d’une année à l’autre, comme dans le système actuel. L'affectation de ces droits à produire peut aussi bien aller au cognac, qu'au vin de pays, ou au Pineau des Charentes... Face à ce projet, l’interprofession est unanime.

 

(Photographie de Christophe Forget : UGVC, 2012)

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