e Volume complémentaire individuel (VCI) est-il la solution pour pallier les aléas des rendements pour la production de vin rosé ? Difficile d'y répondre, tout au moins à ce jour. Tandis que certains restent convaincus que non, d'autres se posent la question et gardent espoir, à l'image d'Eric Pastorino, président de l'ODG des Côtes de Provence. « C'est vrai qu'on se pose tous des questions, reconnaît ce dernier. Mais le but de l'expérimentation* conduite depuis la récolte 2014 à la demande de l'INAO est justement de faire le point là-dessus ».
Le débat porte plus précisément sur la question de la bonne préservation de la qualité de ces vins rosés, qui sont mis en réserve au-delà d'une année de conservation. La règle concernant le système VCI exige en effet qu'un volume complémentaire récolté l'année « n » pour être mis en réserve soit réintégré l'année « n+1 » avec les vins issus du millésime de l'année... En vue d'une commercialisation en année « n+ 3». D'où les sérieux doutes d'un certain nombre d'opérateurs sur le maintien d'un bon niveau qualitatif de ces vins.
Pour lever cette grande interrogation et juger de la qualité de ces fameux « VCI 2014 », l'ODG des Côtes de Provence a donc décidé d'organiser une dégustation à l'automne 2015. Mais quels qu'en soient les résultats, le système VCI en l'état ne semble de toutes façons pas adapté, pour Eric Pastorino, aux vins rosés : « Pour être intéressant, il nécessiterait d'être complété en faisant valider certaines techniques de refroidissement des moûts ou des vins », indique celui-ci. Des techniques qui sont actuellement à l'étude au Centre du rosé et que le président de l'ODG aimerait bien, à terme, pouvoir faire accepter par l'INAO, en même temps que le VCI rosé. Certains évoquent la cryoconservation, qui permettrait de vinifier tout au long de l'année à la manière du cidre. De quoi complètement révolutionner la production et la commercialisation des vins.
*L'expérimentation VCI sur rosé dure trois ans. Elle a démarré à la récolte 2014 et se terminera donc après la récolte 2016. Deux ODG y participent : l'AOP Cabernet d'Anjou et l'AOP Côtes de Provence. Chez cette dernière, le volume de VCI 2014 représente 3.400 hectolitres. Si elle est concluante, cela donnerait droit à toutes les ODG productrices de vins AOP rosés d'y avoir recours.
[crédit photo: J Cassagnes]