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Qui saigne le vin révolte la tempête
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Qui saigne le vin révolte la tempête

Par Alexandre Abellan Le 14 novembre 2025
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Qui saigne le vin révolte la tempête
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éziers : 80 000 habitants pour la sous-préfecture de l’Hérault et des milliers de manifestants sur le pavé pour être les hérauts des revendications viticoles ce samedi 15 novembre. Entre la fin des vendanges et le début du salon Sitevi, un nouveau rassemblement va réunir le peuple vigneron en crise pour que son impatience soit entendue à Paris et Bruxelles. Qu’il s’agisse de la valorisation du prix du vin à des niveaux rémunérateurs (d’achat par le négoce, mais aussi de la grande distribution, sans oublier le sujet inflammable des coefficients multiplicateurs en restauration), de la réduction de la production (arrachage et distillation dont le besoin est répété, mais le financement reste incertain), de la levée des contraintes françaises à la production et à la commercialisation (sont dans le viseur la loi Évin, Anses, la Taxe sur le Foncier Non-Bâti…) et du déclenchement de mesures d’urgence (suspension de cotisations MSA, année blanche…).

Un air de déjà-vu. Le cortège de ce 15 novembre ne devrait pas être différent de celui qui s’était lancé à Narbonne le 25 novembre 2023. Demain, il sera sans doute plus fatigué et plus à cran qu’il y a deux ans, le bilan de la sortie de crise étant mitigé : les 6 000 manifestants de 2023 avaient reçu des promesses ministérielles au Sitevi avant d’obtenir, dans la dynamique des mobilisations agricoles de début 2024, un fonds d’urgence de 80 millions € et un plan d’arrachage annoncé à 150 millions € sur des volets temporaires et définitifs avant de se réduire à 120 millions € seulement sur l’arrachage définitif fin 2024. Déceptive, cette trajectoire de soutien n’a pas de quoi rassurer les manifestants du millésime 2025 : pour que les demandes répétées soient écoutées et concrétisées en actions, il faut faire masse et, reconnaissons-le, faire peur. On ne voit Midi à la porte des gouvernants que lorsqu’il est rouge.

On pourrait reprendre en l’état les slogans des manifestations de 1907, dont le souvenir est préservé à Béziers sur la fresque d’hommage à Marcellin Albert (à l’angle de la rue des Capucins et de la rue Saint Jacques). « Abère tant dé boun bi et pas pourré manger dé pan ! » lance depuis 118 ans le vignoble occitan, crevant de faim malgré ses bons vins. La fresque représente également les 12 degrés de la misère viticole, retraçant la mobilisation de l’époque (manifestations de Sallèles à Montpellier, en passant déjà par Narbonne et Béziers) et se concluant par « des actes ! Plus de patience ! La faim justifiera nos moyens ! »

Une colère que l’on entendra sans doute ce 15 novembre parmi les manifestants, qui sont appelés par leurs organisations syndicales à ne pas dégrader les biens publics de Béziers, dont la municipalité accueille l’évènement et assure sa promotion locale. Mais on entend certains participants prévoir de faire un détour chez des négociants et des enseignes de la grande distribution GD au retour de la manifestation : des visites qui s’annoncent tout sauf de courtoisie, alors que l’exaspération et la colère couvent depuis trop longtemps. Les difficultés languedociennes étant multiples et se trouvant exacerbées après une récolte amputée par le coup de séchoir estival de la canicule du 15 août. Certains vignerons n’ont plus les moyens d’investir dans la culture de la vigne sur la prochaine campagne. Il faut d’urgence des réponses du gouvernement et de la Commission européenne.

Sinon, l’impasse sociale sera explosive : peuvent en témoigner une DREAL soufflée à Carcassonne et une MSA brulée à Narbonne début 2024*. Car jamais on n’a vu dans le Languedoc une situation de crise ne dégénérant pas si aucune solution n’est concrètement amenée en face. « L’orage gronde, gare aux éclairs » prévenait une pancarte de la manifestation du 2 juin 1907 à Nîmes. Qui aurait pu être reprise lors des manifestations des crises de surproduction du XIXème siècle en 1930 à Montpellier, 1955 à Béziers (« c’est une procession d’enfants de chœur » lançait Emmanuel Maffre-Baugé), 1967 à Carcassonne (« et s’il le faut, le Midi redeviendra cathare » déclarait André Castéra), 1971 à Béziers, 1975 à Sète, 1976 à Montpellier après le drame de Montredon… Et désormais 2025 à Béziers.

 

* : Actions s’inscrivant dans l’histoire, avec en 1963 des expéditions punitives chez des négociants et un train de vin algérien renversé, en 1974 le blocus de Sète et l’attaque des impôts de Lézignan, en 1981 l’ajout de mazout dans les 8 000 hl de vins italiens du navire l’Ampélos à Sète, en 1984 l’incendie du Leclerc de Carcassonne…

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Titou Le 14 novembre 2025 à 22:52:55
Il faudrait que toutes les régions viticoles se rebellent ensemble et nous chacun dans son coin. Pour changer les choses il faut déjà savoir où l'on va et où l'on nous emmène et actuellement c'est impossible. Entre l'Europe et la France qui veut être plus royaliste que le roi au détriment de ces viticulteurs, qui souffrent tous les jours et en silence. Mais quand il y en marre il faut le montrer haut et fort. Sinon on ne nous entend pas. On met des classements à l'Unesco et ensuite on dit que le vin est cancérigène et nocif, l'Europe impose des normes et la France surenchérie. On nous tue à petit feu sous la pesanteur de l'administratifs Gamma2, refonte de la déclaration de récolte, nouveau N° Eori, des taxes en tout genre, les contrôles de tout, la MSA qui nous saigne, les transmissions impossibles. Bon courage pour tout changer car on n'y croit plus. On nous a temps promis, la simplification pour QUI ????, les droits de succession, mais on n'a rien vu de tout cela. On nous laisse crever combien de suicides cette année et combien en faut-il encore. Il y a URGENCE. Pour trouver des autres Solutions il faut négocier avec toutes ces administrations et beaux penseurs (on dépend du ministère de l'agriculture, de la santé et des finances, sans parler des tous ces associations) et c'est là le problème car la base n'est plus écoutée ni entendue alors comment faire pour se faire entendre. On n'a pas le temps pour les palabres, cela fait plus de 2 ans que cela dure, donc si l'on n'agit pas maintenant combien y aura-t-il encore de morts. La seule façon de nous faire entendre est de manifester mais toutes les régions viticoles ensemble, on est tous solidaires et surtout dans le même bateau. Je suis révolté de voir qu'au 21eme siècle, on sacrifie les joyaux de la France. les anciens se sont tellement donner pour que l'on existe et qu'aujourd'hui on sacrifie tout sous prétexte de lobby, d'une Europe dont la majorité des Français ne voulaient pas (referendum), de contraintes administratifs, de feignants qui ne veulent plus de travaux manuels c'est tellement dégradant (dans les régions viticoles il ne devrait même pas y avoir de chômage car le boulot il existe il est là) , de fonctionnaires qui n'y connaissent rien mais qui savent pondre des lois et de normes inégales entre chaque pays de cette Europe, du fric car autant laisser tomber la viticulture elle ne rapporte plus autant à notre cher état. Et surtout elle réclame de l'aide. Horreur. Aujourd'hui ce n'est plus de discuter du malade qu'il faut mais des soins. En espérant que ces soins ne soient pas palliatifs car à force d'attendre que les promesses tant énoncées soient enfin effectives (simplification, moins de charge, une reconnaissance et non une démolition, moins de normes), le mal va devenir incurable et hyper douloureux. Les solutions ont les connait mais qui nous écoute ????? PERSONNE
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Greenfrog34 Le 14 novembre 2025 à 13:46:47
« Encore une manifestation à Béziers? Distillations, aides, fonds d'urgence? et rien ne change vraiment. Je me demande sincèrement : pourquoi continuer à attendre que l'État règle tout ? Quel avenir propose-t-on à la viticulture ? N'y aurait-il pas moyen de développer des filières différentes, de penser autrement, de se débrouiller comme n'importe quelle entreprise ? Avec qui peut-on vraiment changer les choses ? Je suis prêt à me porter volontaire, à apporter des idées, mais dans tout ce brouhaha, ma voix ne compte pas. Pendant ce temps, beaucoup d'institutions se contentent de communication et d'esbroufe, sans solutions concrètes. Manifester, c'est bien, mais il serait temps de réfléchir à d'autres solutions. L'histoire montre qu'on tourne en rond depuis plus d'un siècle? et pourtant, personne ne change de stratégie. #Vitisphère : manifester c'est utile, mais inventer l'avenir, c'est encore mieux. »
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