remier ministre démissionnaire remissionné pour sorties de crises à déminer. Ce vendredi 10 octobre, Sébastien est renommé à Matignon par le président Emmanuel Macron. Se succédant lui-même, après une éphémère nomination de gouvernement et une mission de négociation entre familles politiques, Sébastien Lecornu a pour rémission impossible de stabiliser un exécutif et porter le budget pour 2026 de la France. Un véhicule législatif clé pour le pays en général et la filière vin en particulier, cette dernière perdant patience alors que les demandes de soutien tardent à se concrétiser et que reste en suspens le plan de sortie de crise présenté en juillet par l'Association Générale de la Production Viticole (AGPV) : arrachage définitif (le sondage de FranceAgriMer est en cours, alors que son financement européen n'est pas acquis), arrachage temporaire (un serpent de mer qui pourrait avancer avec les évolutions réglementaires en cours à Bruxelles), mise en place d'un arrachage bonifié par la distillation (via la biocarburation), encadrement de la rémunération des vins (révision d'Egalim), aide à la restructuration des caves coopératives (10 millions ? suspendus à une étude en cours)? Sans oublier les mesures de simplification.
La liste est longue alors que l'attente l'est encore plus dans le vignoble, où l'on veut passer des déclarations d'intention aux actions concrètes. Ce qui exacerbe l'impatience, et la colère, dans une filière vin de plus en plus en difficulté. « Il faut faire attention, après la parenthèse des vendanges, les vignerons sont excédés » prévient Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants de France. Le vigneron de Fitou (Aude) pointant que « cette exaspération fait place à une colère sourde qui va être de plus en plus visible », et ce alors que « la filière vit l'une de ses crises les plus violentes de son histoire. Tout le monde en convient, même au plus haut niveau de l'État. »


« Il faut que le futur nouveau premier ministre tape du poing sur la table pour obtenir les crédits de réserve de crise et financer l'arrachage. Sinon, ça ne va pas bien se passer. Ce n'est pas une menace, c'est le constat du secteur agricole le plus durablement touché par des circonstances multifactorielles » confirme Jérôme Despey, le président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer. Le premier vice-président de la FNSEA martelant qu'« il y a urgence : le temps des discussions politiques n'est pas le temps de la crise viticole ». En somme, « la crise est grave, la crise s'aggrave » ajoute Jérôme Bauer, le président de la Confédération Nationale vins AOC (CNAOC). Le vigneron de Herrlisheim-près-Colmar (Haut-Rhin) alertant que « la viticulture a besoin de visibilité et de décisions rapides. L'instabilité politique ne doit pas devenir un prétexte à l'inaction : les mesures d'urgence sont identifiées et prêtes. »
L'attente est donc forte pour l'exécutif à venir, en termes d'arrachage (et potentiellement de distillation), mais aussi de conquête de marchés (par le soutien à la promotion export, mais aussi des négociations d'accords de libre-échange) ou de structuration de la filière (contractualisation, rémunération, segmentation...) et de soutien à la production (adaptation au changement climatique, résolution des impasses phytosanitaires?). L'expérience viticole de Sébastien Lecornu reste limitée. Conseiller de Bruno Le Maire lorsqu'il était secrétaire d'État aux Affaires européennes (2008-2009) puis ministre de l'Agriculture (2009-2012), le nouveau premier ministre s'est impliqué dans l'Eure où il a soutenu la plantation de vignes normandes, en 2019 à Giverny, comme le rapporte Le Démocrate Vernonnais. Sébastien Lecornu ayant été maire de Vernon (2014-2015) et président du Conseil départemental (2015-2017). Sur Twitter, le premier ministre remissionné annonce que « la nouvelle équipe gouvernementale devra incarner le renouvellement et la diversité des compétences. » Reconduite ce dimanche 5 octobre au ministère de l'Agriculture, Annie Genevard, reste démissionnaire depuis le lundi 6 octobre et ne peut gérer pour sa part que les affaires courantes.