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Il n'y a pas que l'arrachage dans la vigne : appel au "débat sur les alternatives à la seule réduction de l’offre et le déni de voir la réalité"
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Electrochoc des savoirs
Il n'y a pas que l'arrachage dans la vigne : appel au "débat sur les alternatives à la seule réduction de l’offre et le déni de voir la réalité"

Est-ce le syndrome du mouron de Panurge : la filière vin s’enferme-t-elle dans une spirale de dépression économique nourrissant ses difficultés à rebondir ? Voyant dans la déconsommation une prophétie autoréalisatrice, le consultant bordelais Fabrice Chaudier participe à un électrochoc mené par un collectif d’experts, Winehackers, organisant ce jeudi 13 novembre une journée de conférences payante (45 € TTC pour les vignerons et 100 € TTC pour les autres professionnels) au château la Tour Bessan à Margaux (vignobles Marie-Laure Lurton). Le point avec un fervent défenseur de la stratégie économique et un fervent opposant de l’arrachage.
Par Alexandre Abellan Le 08 octobre 2025
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Il n'y a pas que l'arrachage dans la vigne : appel au
« Il existe des solutions pour accompagner, de l’aval vers l’amont, les vignerons et vigneronnes pour qu’ils vivent de leur travail » plaide Fabrice Chaudier. - crédit photo : DR
V

ous participez ce 13 novembre à une journée de réflexion sur l’avenir du vignoble girondin, "est-il trop tard pour sauver Bordeaux", que vous ouvrez par une conférence "Bordeaux n’est pas en crise". Est-ce de la provocation alors que les prix et les ventes dévissent, même pour les grands crus, et que des drames témoignent des fragilités économiques et psychologiques du vignoble ?

Fabrice Chaudier : La présentation inaugurale des Winehackers s’intitule "la vigne n’est pas en crise". Les guillemets sont de mise puisqu’il s’agit d’une citation, que vous aviez d’ailleurs reprise dans un de vos articles, de John Barker, directeur général de l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV). Nous ne souhaitons ni polémiquer ni provoquer, mais ouvrir la discussion en la basant sur des faits, des données que partagent tous nos concurrents dans le monde. Et du constat que vous soulignez, des drames et de la misère qui ne cesse de se développer en France, à Bordeaux en particulier.

Ce qui est frappant, c’est à la fois cette absence de débat sur les alternatives à la seule réduction de l’offre et le déni de voir la réalité dans sa globalité et sa diversité. J’ajoute que l’empathie pour les situations individuelles devrait nous donner envie de trouver des chemin d’action, d’innovation et d’espoir plutôt que des solutions mille fois répétées et somme toute mortifères. Le discours des Winehackers, s’il est à contre-courant, remet au premier plan des notions d’efficacité économique, de rentabilité qui devraient être la clé de chacune des décisions techniques comme marketing de la filière.

 

L’arrachage est donc pour vous une aberration, et la demande de fonds européens pour réduire le potentiel de production est contre-productif, accentuant les difficultés ?

Tout d’abord, il me semble difficile de demander plus d’argent public, dans le contexte de déficit accru. La filière dispose de 280 millions d’euros annuels de l’Organisation Commune du Marché vitivinicole (OCM vin) et les principales interprofessions de 70 millions €. Il faudrait réfléchir à leur utilisation, aux résultats qu’ils engendrent, à leur inflexion de la production vers la mise en marché par exemple.

Ensuite, dépenser - voire emprunter, pour détruire l’appareil productif de façon définitive, empêche toute relance et bouche l’avenir. L’exemple bordelais le démontre où l’on réduit les rendements depuis des années avec comme seule conséquence une augmentation des coûts. Les économistes le répètent, de plus en plus de vignerons et d’acteurs terrain le disent, y compris dans vos colonnes, réduire l’offre ne réglera aucun des problèmes de la filière française. Sans une analyse partagée de nos faiblesses, nous ne nous en sortirons pas, enfermés dans un cercle négatif de récession.

Sur le fond enfin, la vigne, culture pérenne, a besoin de temps. On ne pourra donc pas relancer la production si besoin et on ratera un cycle de croissance.

 

Avec les autres participants de cette journée vous appelez à hacker le programme des vins de Bordeaux : quels sont les points à reprendre ? Est-ce que les opérateurs girondins se comportent comme une intelligence artificielle répétant les mêmes recettes, ne sachant pas s’adapter à la nouveauté et à l’incertitude ?

Les Winehackers veulent réfléchir, proposer, trouver des stratégies pour faire face aux enjeux : ni pirater, ni encore moins jeter à bas ce qui existe. Ce serait même beaucoup mieux de pouvoir porter le débat dans un cadre collectif. Pour ma part, je réponds toujours aux invitations qui me sont faites.

D’autre part, nous favorisons à tout autre intelligence, celle des êtres humains : nous croyons avant tout en leur capacité de réflexion et de collaboration, à Bordeaux, comme ailleurs. Volontairement, nous interpelons les acteurs d’ici comme d’ailleurs, en vue de travailler sur des pistes positives, différentes, loin des schémas répétitifs qui ne fonctionnent pas. Nous y croyons même dans le contexte, car il existe des solutions pour accompagner de l’aval vers l’amont, les vignerons et vigneronnes pour qu’ils vivent de leur travail.

 

Comment relancer concrètement les vins de Bordeaux : en adaptant l’appellation régionale avec plus de sucrosité résiduelle et de la désalcoolisation, avec les vins frais type clairet et claret, avec une IGP ouvrant un espace de liberté et de rentabilité, en optant des labels environnementaux…?

Il faut d’abord poser le diagnostic. Depuis 2001, Bordeaux a perdu 43 % de ses volumes commercialisés, passant de 6,1 à moins de 3,5 millions d’hectolitres, avec -50 % en France et -33 % à l’export. Ses deux piliers, la grande distribution et l’international, se sont effondrés en moins de 25 ans. La priorité me semble donc de vouloir reconquérir le terrain perdu à l’export. Car pendant la chute, le marché d’exportation mondial a progressé de 66 % ; Bordeaux devrait donc expédier aujourd’hui 3,7 millions d’hl (2,5 fois plus qu’en 2024). Des moyens de soutien aux vignerons indépendants et coopérateurs pourraient en être un levier puissant. L’offre de Bordeaux ensuite, semble s’être figée dans le temps malgré un nombre croissant d’initiatives individuelles couronnées de succès : Bordeaux a oublié qu’il était une terre historique de blanc, qu’il avait inventé une quatrième couleur, le clairet. Bordeaux n’a pas assez profité de l’essor des bulles (10 fois moins de crémant vendus qu’en Alsace).

Ouvrir les yeux sur les pratiques de la vigne, au chai, sur le commerce, le digital, le marketing, sur les problématiques du changement climatique, est à la portée des vignerons sans attendre que les organismes collectifs statuent sur des évolutions réglementaires ou de cahier des charges. Se préoccuper de sa taille, de ses sols, de la rentabilité de ses cuvée évitent des solutions coûteuses, aléatoires ou trop déstructurantes. Pour les déployer et les discuter, venez nous rejoindre.

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Tous les commentaires (10)
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Fabrice Chaudier Le 14 octobre 2025 à 09:33:43
Bonjour, je remercie tous ceux qui prennent les temps de lire et commenter mes propos : aux contempteurs, je propose de me contacter en direct pour que puisse répondre à leurs questions et contre arguments.
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Dominique Le 13 octobre 2025 à 23:33:33
Malheureusement, ce duo envahissant entrave la prise de conscience des vigneronnes et vigneronnes. La réalité des nouveaux modes de vie ( c'est un constat pas un accord ) et donc la réalité de la nouvelle typologie de consommation s'imposera quels que soient les grands moulinets des deux mousquetaires. Là où on consommait 100, on n'en boira sans doute pas plus de 50, et pas la même chose. Ceci dit, si des gogos veulent payer pour entendre des contes de fées, libres à eux. Ce sont des grands enfants, sans doute équipés de masques de réalité virtuelle.
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Thomas Le 11 octobre 2025 à 09:59:12
Il y a actuellement une surproduction mondiale par rapport à la consommation (de 15% selon certaines statistiques), bien malin qui peut predire la situation dans 5 ou 10 ans. L'Australie aussi arrache des vignes.
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Albert Le 09 octobre 2025 à 20:53:51
Cher bill et boulle, votre vision optimiste du "marché mondial" peut ne pas être partagée. Je ne suis pas un "expert" et donc, m'abstiendrai de conjecturer. La seule observation que je ferai est que j'ai bien vu - foires aux vins d'automne - que ce sont majoritairement les vins les moins chers sur lesquels se porte le choix des consommateurs / acheteurs. Le pouvoir d'achat des consommateurs reste est élément clé du marché. Ce que la filière aurait tendance à oublier (c'est bien beau la prémiumisation, mais ..).
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bill et boule Le 09 octobre 2025 à 14:42:14
qui aurait parie sur les quelques producteurs de whisky et sur la signature en Inde d un mega deal à un milliard de livres sterling dans inde de m modi ? il y a 80 ans beaucoup d indiens boycottaient les produits anglais , cela ne semble plus le cas aujourd hui .Et notre présence française à Pondichery à laisse des traces bien moins négatives il est donc permis de rêver au potentiel de ce march pour nos vins. Le plus ancien restaurant indien de Londres, proche de piccadilly, offre un menu 7 plats 7 vins etourdissant , prouvant que l accord mets vins est tout a fait possible !
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bill et boule Le 09 octobre 2025 à 14:06:31
cher Albert , il faut relire l ouvrage de référence " la soif du dragon " de susan mustachik pour mesurer à quel point il y a 40 ans les crus pionniers, partant alors a l aventure sur les marchés chinois et américains ..étaient alors là risée de leurs pairs !!! aujourd hui le Brésil de m Lula nous tend la main tout comme l inde de m modi . le premier via mercosur , le second via un projet d accord de libre echange comme le royaume uni vient de signer pour le whisky S agissant maintenant des marchés potentiels et solvables on rappellera utilement que l Inde comptera ou compte déjà 1700 millions d habitants , ce qui laisse tout de même quelque potentiel .Cessons de nous répéter les raisons de ne rien faire et tentons de reprendre la main sur la destinée de notre filière, tous segments confondus , en coordination avec le commerce exterieur et avec une implication bancaire restaurée. Les greffes des tribunaux spécialisés en procédure collective pourront enfin souffler et ce ne sera pas dommage !
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Albert Le 09 octobre 2025 à 08:01:42
À la lecture de cet article, j'avoue rester sur ma faim, et plus que sceptique. Je lis que ce monsieur est consultant, Ok, mais que de bla-bla-bla .. je note un prix d'entrée à 45? pour un particulier, pour assister à un débat "d'experts" le 13 Nov .. Qu'on m'explique ce que pourra bien amener de neuf cette introspection collective facturée (!) si les "experts" et "sachants" de tous poils conviés n'ont pas été en mesure jusqu'ici de proposer des scénarios de sortie de crise pertinents ! .. J'ai deux questions : est-il si difficile à admettre qu' en 2025 le vin soit devenu une boisson ne rentrant plus dans les habitudes de consommation ? .... comment espérer regagner des points de croissance à l'export quand les nouveaux pays producteurs ont le mors aux dents et que la faiblesse à l'export est qu'on vise une "clientèle" solvable, donc au standing bourgeois (le choix est limité) ?
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bill et boule Le 09 octobre 2025 à 03:45:08
Bravo à tour bessan d héberger ce type d initiative .On assisté ainsi à une floraison hors " corps constitués" ... parfaitement louables , tant sur le plan individuel comme l action en justice egalim 4 ou la recente réunion de crise chez Ducru a Saint Julien , que sur le plan collectif , en promotionnel , via viva medoc cet ete ...ou en réflexion stratégique comme ces nouveaux hackers bientot a Margaux . On veut croire que le préfet et ses sous- préfets prendront en compte ces initiatives qui complètent très utilement le leitmotiv officiel bordelais civb un peu simpliste pour certains , entre arrachages subventionnés et campagne de pub jugée stratosphérique M Guyot , vous êtes le garant de l ordre public et vos décisions suite à la prochaine réunion du 16 octobre sont très attendues . Ne nous décevez pas s il vous plait et restez attentif à ce que vous dit le terrain , collectif viti 33 compris . Solidarité entre familles de crus , meilleur support de la trésorerie, reconquête du grand export ... les recettes sont connues .
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augustin Le 08 octobre 2025 à 22:03:51
saluons cette très courageuse initiative . Echappons au troupeau de lemmings qui est entrain de sauter de la falaise et ayons le courage d apprendre les rudiments du deltapane : la reconquête des marches est possible si le négoce arrive à se débarrasser de ses invendus que sont les seconds troisièmes et quatrièmes vins des gcc . Autre aile volante : la remise à plat de l assiette de la cvo du volume à la valeur . Et pour finir un coup d ulm sur le grand export , sans oublier le planeur fourni par des banquiers de retour parmi nous .A defaut les lemmings que nous sommes devenus vont rapidement devenir une espèce en voie de disparition.
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Grami Le 08 octobre 2025 à 14:47:12
Les conseilleurs sont rarement les payeurs ! On voit souvent ce monsieur et son compère vendre du rêve dans les colonnes de Vitisphere, mais si ces deux là sont honnêtes et croient réellement en leurs théories il faut qu'ils mettent sur pied une société de négoce qui achèterait tous les volumes que nous autres pauvres couillons ne savons pas commercialiser et nous montrent comment ils vont œuvrer pour créer de la valeur...vu les volumes qui ne trouvent pas preneur ils vont gagner, (à les croire ) des sommes incroyables ! Allez messieurs, un peu de courage !
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