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Le plus terrible dans la crise viticole ? "C’est que la colère a laissé place à la résignation"
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Jérôme Bauer
Le plus terrible dans la crise viticole ? "C’est que la colère a laissé place à la résignation"

Pour le vignoble, "la crise est grave, la crise s’aggrave" alerte le vigneron alsacien Jérôme Bauer, qui appelle à une réaction politique, en France et en Europe, et veut "transformer la colère en idées" dans la filière nationale avec l’organisation d’un Grand Direct ouvert aux gens du vins par la Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux-de-vie de vin AOC (CNAOC) qu’il préside.
Par Alexandre Abellan Le 10 octobre 2025
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Le plus terrible dans la crise viticole ?
Jérôme Bauer « lance un appel à la responsabilité transpartisane pour que nous ayons un budget pour le pays, et que ce dernier soit ambitieux pour notre secteur agricole et viticole ». - crédit photo : DR
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vec 36 millions hectolitres de vin qui seraient produits ce millésime 2025, le vignoble français sera-t-il à l’équilibre commercial ? La filière évoquant depuis 2023 un excédent de 4,5 millions hl, ici perdus par la canicule, l’arrachage, le vieillissement du vignoble... À moins que ce ne soit une perte surtout en vins blancs, qui pourraient faire défaut commercialement ?

Jérôme Bauer : Le constat dans la majorité des bassins est le même : petite récolte, parfois historiquement basse pour la deuxième année consécutive, marchés atones, moral à zéro. Nous allons sans doute être toujours structurellement au-dessus de ce que nous sommes en capacité de commercialiser, au niveau national. Le plus terrible, c’est que la colère a laissé place à la résignation. On sent du fatalisme dans le vignoble face à l’ampleur de la crise et à la multiplicité des facteurs de cette crise. Mais notre rôle, en tant que responsables syndicaux, c’est de pousser des propositions fortes pour accompagner ceux qui vont quitter la profession, et soutenir ceux qui veulent rester.

Ainsi, travaillons sans relâche au niveau européen et national pour obtenir des crédits pour une nouvelle campagne d’arrachage définitif. Il est question de dignité et nous nous devons d’être à la hauteur de la détresse chez nos collègues. En parallèle, nous développons de nombreux dossiers pour donner à la filière viticole un souffle nouveau : une nouvelle architecture des aides du Plan Stratégique National (PSN) plus en phase avec les besoins de la viticulture, un soutien plus important à l’export, à la relance du marché intérieur, à l’œnotourisme, tout comme le développement d’outils de régulation tel que le 172 ter ou l’harmonisation fiscale au niveau européen avec le guichet unique des droits d’accises.

 

S’éternisant, l’instabilité politique française va-t-elle empêcher la mise en œuvre du plan d’action demandé en urgence par le vignoble pour sortir la tête de l’eau ?

La crise est grave, la crise s’aggrave. La viticulture a besoin de visibilité et de décisions rapides. L’instabilité politique ne doit pas devenir un prétexte à l’inaction : les mesures d’urgence sont identifiées et prêtes, la ministre de l’Agriculture démissionnaire avait pu notifier à Bruxelles notre demande. Nous suivons de près le dossier avec les pouvoirs publics (DGAL, DGPE, FAM) qui sont devenus nos principaux interlocuteurs en l’absence de gouvernement. J’aimerais tout de même pousser un coup de gueule auprès de nos responsables politiques. Dans nos Organismes de Défense et de Gestion (ODG), dans nos fédérations, il y a des débats, parfois houleux, mais toujours une recherche de consensus pour l’intérêt des vignerons. Pourquoi n’y arrivent-ils pas au niveau national ? L’avenir de la France se joue, je lance un appel à la responsabilité transpartisane pour que nous ayons un budget pour le pays, et que ce dernier soit ambitieux pour notre secteur agricole et viticole.

 

Alors qu’il y a une impatience dans le vignoble pour arracher, la Commission peut-elle ne pas valider les fonds de réserve de crise pour financer un arrachage définitif en France ?

C’est inconcevable pour nous. Je rappelle que nos entreprises paient des taxes (TVA, accises, charges patronales…) pour un montant total de plus de 6 milliards d’euros. Cela sans compter le dynamisme que notre secteur génère sur les territoires et l’effet d’entrainement que cela a pour de nombreux secteurs. Il y a certes plusieurs pays et plusieurs filières qui souhaitent bénéficier du fonds de réserve de crise : nous ferons tout ce qui est possible pour que la viticulture française soit prioritaire. Et que l’Etat puisse aussi abonder par des crédits nationaux, indispensables à la survie de nombreuses exploitations.

 

L’urgence ne faisant que s’accroître dans le vignoble, quelles sont les prochaines étapes pour vous de la colère vigneronne : des manifestations collectives, des actions individuelles musclées comme on peut le voir dans le Languedoc… ?

L’étape suivante est très claire : transformer la colère en idées, en propositions, en concret. La solution doit venir de nous. Et pour trouver des solutions nouvelles et partagées, il faut que les vignerons puissent s’exprimer. C’est la raison pour laquelle nous invitons l’ensemble des vigneronnes et vignerons français au Grand Direct des AOC le 25 novembre prochain à 9 heures en visioconférence. Un temps d’échange où ce sont les vignerons qui construisent le programme, posent leurs questions et coconstruisent la filière de demain. Le format est inédit, mais la situation l’est d’autant plus. J’aime bien l’adage « on regrette rarement d'avoir osé, mais toujours de ne pas avoir essayé ». Je ne prétends pas que nous aurons toutes les solutions ou toutes les réponses. Pour répondre, nous avons invité les responsables politiques, les administrations et des représentants de la viticulture. Il suffit de s’inscrire via un formulaire et de proposer ses thématiques. Il y a déjà de nombreux inscrits et j’invite mes collègues viticulteurs à s’inscrire au plus vite. La date limite d’inscription est le 7 novembre.

Il reste encore plusieurs semaines pour proposer ces questions, mais ce qui remonte le plus est l’AOC de demain. Comment on renforce ce signe de qualité pour l’adapter aux innovations, aux attentes sociétales, à la durabilité. Comment on démontre que ce signe peut encore être moderne. Ensuite, la question de l’économie bien sûr, avec des viticulteurs qui s’inquiètent du marché, de la déconsommation, de la régulation de la filière par des outils économiques plus en phase avec les besoins, mais aussi, comment on décrypte mieux le marché et comment on adapte nos produits. La simplification administrative tient une bonne place aussi, car on ne cesse de rappeler que nos vignerons passent encore en moyenne 9 heures/semaine à faire des papiers plutôt qu’à faire du bon vin et à la vendre. La dernière thématique qui semble faire consensus est la durabilité. A quand une feuille de route claire sur l’utilisation des produits phytos ? Quand on voit que l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) retire de nombreuses Autorisations de Mise sur le Marché (AMM) cuivre sans donner d’explication, cela provoque un grand désarroi chez nos collègues. Il en va de même pour les produits de synthèse, la règlementation pollinisateurs, la loi drone ou encore les Zones de Non-Traitement (ZNT). Vignerons : merci pour votre confiance. On vous espère nombreux à ce grand rendez-vous de la viticulture.

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