ù en est le dossier de création d’un vin AOC Saint-Émilion en blanc sec ?
Jean-François Galhaud : C’est un processus assez compliqué qui doit être réalisé avec l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO). Il faut montrer une vraie volonté syndicale. Nous avons fait un questionnaire lors de notre dernière assemblée générale : 82 % des 200 personnes présentes ont validé le projet. C’est une large majorité, mais pour avoir une vision plus générale, et par honnetété, nous lançons cet été un sondage auprès de tous nos 900 viticulteurs pour savoir si l’on doit ajouter une couleur en blanc sur les AOC Saint-Émilion, Lussac Saint-Émilion et Puisseguin Saint-Émilion (le projet n’est pas envisagé pour Saint-Émilion Grand Cru). En fonction de ce sondage, grandeur nature, on prendra la décision d’y aller ou pas, et de la façon d’y aller. Nous produisons déjà des vins blancs sur le territoire, comme à Cheval Blanc. Il faut définir les cépages et les qualités. L’idée n’est pas de faire du Bordeaux sauvignon, mais de s’inspirer de nos spécificités de cépages. Il y de belles réussites en crémant de blancs de noirs. On sait que ce serait un processus de moyen terme, qui ne se fera pas en deux ans.
Ayant abouti en 2025, le projet Médoc blanc avait été lancé en 2022 (après un important travail historique).
Leur histoire de production de vin blanc est longue, comme en témoigne le Pavillon blanc de château Margaux.
Ce projet de vin blanc sur un terroir connu et reconnu pour ses vins rouges répond-il à la crise viticole qui se fait de plus en plus fortement ressentir sur une rive droite plutôt épargnée jusque-là ?
Nous ne produisons que des vins rouges, dont la consommation continue de diminuer. Le blanc est un axe que j’aimerais développer en regardant l’exemple réussi de Châteauneuf-du-Pape : cela représente aujourd’hui 7 % de leur vignoble. Produire du blanc permet de mieux équilibrer l’offre et la demande. Cela permet d’éliminer une petite surproduction conjoncturelle ou conjoncturelle tout en répondant aux demandes de clients. Saint-Émilion a été préservé sur sa clientèle directe et l’œnotourisme. Les plus gros problèmes arrivent aux domaines très négoce-dépendants. A commencer par les grands crus classés, en difficulté comme le négoce diminue ses achats depuis 3 ans en primeur.
Pour adapter l’offre à la demande, les Organismes de Défense et de Gestion (ODG) ont aussi les leviers du rendement et du Volume Complémentaire Individuel (VCI).
À Saint-Émilion, on fait attention au nombre de jours de commercialisation que nous avons en stock. Nous avons déjà diminué notre rendement 2024 à 55 hl/ha accompagné de 5 hl de VCI. En 2025, c’est un beau millésime qui se présente bien, s’il n’y a pas de problèmes de sécheresse. Nous avons un VCI plafonné à 20 % maximum du volume de rendement de base AOC. Nous avons demandé une déblocage du VCI à 50 % du rendement de base, un retour de l’INAO est attendu d’ici la fin août. Nous pourrions alors aller vers 53 hl/ha de rendement et 12 ou 13 hl/ha de VCI.
On entend beaucoup de rumeurs sur un important nombre de grands crus classés de Saint-Émilion mis à la vente et se trouvant toujours sans repreneurs…
Il y a toujours eu des crus classés en vente pour des raison de successions. Sauf qu’aujourd’hui nous sommes dans un contexte déflationniste, où il n’y a pas d’acheteurs. Quand les prix sont à la baisse, les acheteurs attendent et ça créé un cercle infernal. Il se fait peu de transactions depuis 2 à 3 ans, il y a une accumulation de propriétés à vendre.