ls n’ont pas le cul sorti des ronces… Après l’annonce tonitruante ce dimanche 27 juillet depuis l’Écosse d’un accord commercial entre les États-Unis et l’Union Européenne, les exportateurs de vins et spiritueux évitent les 30 % de droits de douane dès le premier août prochain, mais retiennent toujours leur souffle pour l’avenir, faute de précisions sur leur situation parmi l’ensemble des biens agricoles. Après son entretien conclusif avec le président américain, Donald Trump, la présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, déclare que « nous sommes parvenus à un accord sur les droits de douane et le commerce avec les États-Unis » avec « un taux tarifaire unique de 15 % pour la grande majorité des exportations de l'Union Européenne (un taux global : un plafond clair sans cumul) » et « des droits de douane nuls pour un certain nombre de produits stratégiques » dont « les avions et leurs composants, certains produits chimiques, certains semi-conducteurs, certains produits agricoles », sachant que « nous continuerons à travailler pour ajouter d'autres produits à cette liste ».
Précisant en conférence de presse qu’il s’agit d’un accord cadre dont « les détails sont à préciser dans les prochaines semaines », Ursula von der Leyen a été interrogée sur l’intégration des vins et spiritueux parmi les produits européens d’ores et déjà bénéficiaire d’un droit de douane nul (« zéro pour zéro ») : « il n’y a pas eu de décision sur ce sujet qui reste à régler dans les prochains jours » réplique la présidente de la Commission Européenne. Pas de quoi sortir la filière des incertitudes qui persistent depuis des mois, des menaces mi-mars de 200 % de droits de douane sur les vins français aux péripéties judiciaires de la Maison Blanche, en passant par les 10 % de tarifs américains sur les biens européens en vigueur depuis le 9 avril.
Commerce sans entrave
Alors que le zéro pour zéro était sur la table des négociations transatlantiques pour les vins et spiritueux, le Comité Européen des Entreprises du Vin (CEEV) appelle Bruxelles et Washington à en faire une réalité pour lever des mois de commerce sous tension, affectant les entreprises européennes, mais aussi américaines (de l’importation à la commercialisation, en passant par la distribution). « Le commerce du vin entre l'Union européenne et les États-Unis est depuis longtemps une relation économique mutuellement bénéfique, qui soutient des milliers d'entreprises, d'emplois et de communautés des deux côtés de l'Atlantique » déclare dans un communiqué la négociante italienne Marzia Varvaglione, la présidente du CEEV, pointant que « pour chaque dollar que les Européens gagnent en vendant du vin aux États-Unis, les secteurs américains de la distribution et de l'hôtellerie gagnent 4,50 dollars ».
Aussi prudente qu’optimiste, Marzia Varvaglione attend désormais « de connaître tous les détails de l'accord conclu et les résultats des négociations à venir concernant la liste des produits qui seront inclus dans le régime tarifaire 0 pour 0, parmi lesquels certains produits agricoles ». En l’état, 15 % de droits additionnels s’ajouteraient à 15 % d’effets de change, ce qui pourrait sortir les vins et spiritueux français du marché américain, des champagnes aux cognacs, en passant par les bordeaux, bourgognes… À date, « il est encourageant de savoir que dans quelques jours il sera peut-être mis fin à l'incertitude commerciale qui pèse sur notre secteur depuis des mois » espère Ignacio Sánchez Recarte, le secrétaire général du CEEV, qui appelle à ne pas imposer 15 % sur les vins et mettre fin aux incertitudes.


« Bien que cet accord permette d'éviter les droits de douane plus élevés dont on menaçait auparavant (30 à 50 %), il n'apporte ni clarté ni soulagement aux opérateurs américains des vins » résume dans une lette à ses membres Ben Aneff, le porte-parole de l’Alliance américaine pour le commerce du vin (US Wine Trade Alliance), pointant qu’au-delà du zéro pour zéro, « il y a d'autres questions clés restant sans réponse, notamment celle de savoir s'il y aura des exemptions pour le vin déjà en transit et comment l'application des taxes fonctionnera si les négociations sur les boissons alcoolisées se prolongent au-delà du premier août. »


« Avec cet accord, nous créons plus de prévisibilité pour nos entreprises. En cette période de turbulences, cette prévisibilité est nécessaire pour que nos entreprises puissent planifier et investir » pose, et rassure, dans sa déclaration Ursula von der Leyen, indiquant que « l'accord conclu aujourd'hui apporte des certitudes en des temps incertains. Il apporte stabilité et prévisibilité aux citoyens et aux entreprises des deux côtés de l'Atlantique. » Durant son point presse, la présidente de la Commission Européenne, précise ne pas sous-estimer l’impact des 15 % sur les secteurs concernés, mais demande de ne pas oublier qu’au premier août il y aurait eu 30 % de droits de douanes : « il y a certainement des challenges, mais on garde l’accès au marché américain ». Autre point soulevé par Ursula von der Leyen : l’Union Européenne veut continue à diversifier ses marchés à l’exportation avec des accords à appliquer pour le Mercosur et à finaliser en Indonésie ou en Inde.